Vers une industrialisation de pièces en céramique 

Un accord stratégique signé entre le groupe HBP et Hameca permet à ces deux entreprises haut-savoyardes de franchir un palier décisif dans l’industrialisation de la céramique technique.

C’est un partenariat stratégique qui a été signé, le 27 février, entre deux entreprises de la vallée de l’Arve, connue pour être le berceau du décolletage en France. Après deux ans de collaboration entre le groupe HBP et Hameca, les deux entités ont décidé de sceller leur coopération, arrivée au terme d’un codéveloppement sur le pressage de poudre céramique. En effet, le groupe industriel familial dirigé par Louis Pernat et Nathalie Cailloce, qui travaillait déjà sur l’usinage de la céramique en barre à cru, cherchait un partenaire sur cet autre procédé de production. Hameca, qui est un spécialiste des travaux sur presse de métal, a accepté de relever le challenge : développer un process de pressage uniaxial de poudre céramique.

« Ce partenariat stratégique signe le début d’une nouvelle aventure, qui ouvre des perspectives significatives pour les deux entités », ont affirmé les deux entreprises, dans un communiqué commun. Pour le groupe HBP, il s’agit d’élargir son offre Punchi sur des pièces plus simples et en plus grand volume, permettant d’adresser de nouveaux marchés. Punchi est un projet collaboratif, suite à l’acquisition par le groupe HBP de la start-up Nanoceram, qui lui a permis non seulement de développer l’usinage de céramique en barre à cru, mais également d’assurer la formulation, la mise en forme par le pressage isostatique de poudre, la coloration et le frittage de céramique.

« Accroître notre offre »

Pour Hameca, il s’agit d’opérer une diversification dans le domaine de la céramique. « Plus qu’un nouvel atelier de pressage déporté, Hameca devient ainsi le partenaire privilégié du groupe HBP dans cette nouvelle activité céramique », ont encore souligné les deux entreprises haut-savoyardes.

Les deux partenaires ont utilisé des presses mécaniques, plutôt destinées à travailler le métal que la poudre, afin de mettre au point l’industrialisation et la production de pièces céramiques. « Le pressage uniaxial est un process qu’on ne maîtrise pas en interne chez HBP, explique Louis Pernat. Ce process permettra d’accroître notre offre, et pour Hameca, c’est une opportunité de se diversifier dans la mise œuvre des céramiques. »

« C’est à partir d’une presse de 150 tonnes qu’on vient mettre la poudre dans un moule, que l’on compresse avec un poinçon afin d’obtenir une pièce », décrit Jean-Claude, responsable d’atelier. Une fois pressée, la pièce obtenue devra passer par une cuisson dans un four à plus de 1 700°C, dans les ateliers de Nanoceram, à Marnaz. « Et c’est seulement en sortie de four que l’on sera capable de dire si la pièce est bonne ou mauvaise, c’est la raison pour laquelle, il est important de maîtriser, avec notre partenaire Hamca, toute la chaîne de production d’une pièce céramique », explique Laurent Gabert, fondateur de Nanoceram. En effet, Nanoceram maîtrise toute la chaîne de production, de la formulation des poudres aux procédés de mise en forme (par usinage ou pressage), jusqu’à la cuisson et même la coloration. « Le pressage uniaxial nous permettra aussi de produire des pièces céramiques plus simples et en grande série, ce que ne nous permet pas le pressage isostatique », ajoute Louis Pernat.

Les vertus de la céramique

Les marchés sont très variés : luxe et arts de la table, cosmétique, défense, aéronautique, automobile, équipements industriels, médical. Surtout, ce matériau coche beaucoup de cases : il présent une forte isolation thermique et électrique, une bonne résistance à l’usure et aux chocs thermiques, il ne se raille pas (sauf avec le diamant) et il est biocompatible. D’autant plus que la céramique peut être une réponse à la raréfaction de certains métaux. Et à ce sujet, Nanoceram travaille également sur le recyclage de poussières et déchets céramiques. Louis Pernat annonce une extension de ses bâtiments de 1 700 m² afin de lancer l’industrialisation de pièces céramiques, suite à des premières commandes de l’ordre de 600 000 pièces par an.