Recycler des panneaux photovoltaïques, le défi remporté par Rosi
Cette PME iséroise est parvenue à extraire le silicium ultrapur, l’argent et le cuivre composant ces équipements solaires afin de les recycler.
Le déploiement des panneaux solaires participe à la croissance verte énergétique. Mais ces équipements conçus à partir de plusieurs matériaux imbriqués les uns dans les autres sont difficilement recyclables. C’est pour répondre à ce défi que Rosi Solar a lancé son usine, en juin 2023, à Saint-Honoré (Isère). Il s’agit, selon cette PME française, dont le nom est l’abréviation de « return of silicon », de son premier site industriel dédié au recyclage et à la revalorisation des matières premières issues des modules solaires en fin de vie. « Cette usine est la première d’un réseau de centres de recyclage de haute pureté des panneaux photovoltaïques en Europe », affirme l’entreprise iséroise.
En France, il faudra recycler 30 000 tonnes de panneaux photovoltaïques en 2030, et 400 000 tonnes sur tout le territoire européen. « On est au début de la grande vague de la fin de vie des panneaux photovoltaïques », confiait, en 2023, Antoine Chalaux, directeur général de Rosi, au micro de France Bleu Isère.
Chimie douce
Les technologies développées par Rosi permettent de séparer les différents matériaux présents dans les panneaux photovoltaïques. Et ainsi de récupérer le silicium ultrapur des cellules, l’argent des fils servant à collecter le courant produit par chaque cellule, et le cuivre. Des procédés basés sur des phénomènes physiques, thermiques et de chimie douce. « Ils ne mettent pas en œuvre de chimie agressive », affirme l’entreprise, dont la présidente est Yun Luo, physicienne, diplômée de Polytechnique (X97) et titulaire d’un doctorat en physique des microstructures à l’institut Max-Planck, en Allemagne.
Le panneau photovoltaïque, matériellement, c’est surtout une grande plaque en verre qui protège les cellules devant, un cadre en aluminium sur le pourtour pour attacher le panneau sur une toiture ou dans un champ, et tout est collé ensemble et protégé à l’arrière par différents types de plastique, soulignait Antoine Chalaux à France Bleu Isère. C’est ça qui est difficile quand on recycle, c’est de se débarrasser de ces plastiques. »
Technologie vibratoire
Ian Peluchon, ingénieur en développement industriel chez Rosi Solar, rencontré lors de Tech&Fest, à Grenoble, le 2 février, explique les trois étapes qui sont nécessaires pour procéder à la séparation des matériaux constituant un panneau photovoltaïque. « Nous commençons par un procédé thermique, qui permet de faire une première séparation, avec un four afin de détruire les polymères, qui n’ont aucune valeur marchandes. Puis, on se retrouve avec un agglomérat de matériaux que l’on va venir séparer par un procédé mécanique avec notamment par la technologie vibratoire. On arrive alors à séparer les plaquettes de silicium, du verre et du cuivre. Enfin, la dernière étape passe par un procédé chimique, qui permet de séparer les petits fils d’argent du silicium. » La spécificité de cette jeune entreprise est surtout d’être parvenue à extraire ces matériaux avec un tel niveau de pureté industriel, se félicite Ian Peluchon.