Les industries de la mécanique s’inquiètent des conséquences de la guerre en Ukraine
Une année 2022 pleine d’incertitudes. C’est le message que porte la Fédération des industries mécaniques après avoir dressé son bilan sur l’activité du secteur en 2021. Un horizon flou en raison de la guerre en Ukraine, venant « renforcer une situation déjà tendue depuis de nombreux mois », s’inquiète-t-on, rue Louis-Blanc, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), siège de la FIM.
L’organisation qui rassemble 20 syndicats professionnels et 3 000 entreprises mécaniciennes dresse un tableau plutôt sombre de l’année en cours, pendant laquelle les industries mécaniques devront gérer plusieurs obstacles : l’approvisionnement des matières premières et des composants électroniques, la hausse des prix de l’acier, du gaz et de l’électricité, les coûts du fret et à la difficulté de répercuter ces hausses sur leurs prix de ventes. Début mars, l’institut Rexecode estimait que le coût de l’invasion de la Russie en Ukraine pourrait engendrer une perte de 0,7 à 1 point de PIB à l’économie française, en 2022.
Une situation devenue « intenable »
Une situation devenue « intenable », selon Henri Morel, président de la FIM. « Les mécaniciens sont pris en étau par un double phénomène : des délais de livraison allongés de plusieurs mois et une très forte hausse des prix de l’acier, du gaz et de l’électricité notamment. La situation continue de s’aggraver, causée par une production sidérurgique européenne trop faible, des mesures de sauvegarde trop contraignantes et les conséquences indirectes de la guerre en Ukraine. »
C’est la raison pour laquelle, la FIM alerte les pouvoirs publics sur « le comportement de grands fournisseurs de matières premières, notamment du métal, qui en invoquant un cas de force majeure, adressent des avenants aux contrats de fourniture en cours, avec des hausses de prix importantes, et viennent mettre en danger les PME du secteur déjà très fragilisées ».
Levée temporaire des mesures de sauvegarde
La FIM propose de nouvelles mesures d’urgence. La levée temporaire des mesures de sauvegarde. Mises en place en 2018 pour protéger la sidérurgie européenne des importations de produits sidérurgiques asiatiques et turques, elles ne sont plus légitimes dans cette période de pénurie et ne font que protéger la sidérurgie européenne, estime-t-elle. « Il faut aujourd’hui permettre aux mécaniciens de trouver de l’acier sur des marchés hors d’Europe sans surtaxe », insiste la FIM. Elle soulève également que « le redéploiement récent des quotas d’importations d’acier russe et biélorusse dans les quotas généraux européens ne débloque malheureusement pas la situation ». Car les distributeurs européens, qui importent des aciers hors UE, contraints par un processus réglementaire très complexe, « ne profitent pas de cette aubaine ». Enfin, elle demande la suppression des autorisations d’exporter hors d’Europe les déchets métalliques, pour permettre à la sidérurgie européenne de pallier son incapacité momentanée à répondre aux besoins des secteurs aval. Et de prévenir : « Si rien n’est fait rapidement, des fermetures d’usines impacteront tous les secteurs aval de la mécanique. »
Et pourtant une année 2021 en croissance
Quant au bilan de l’année 2021, il aurait pu être de bon augure pour 2022, si la guerre n’avait pas éclaté en Ukraine, le 24 février dernier. Car les industries mécaniques ont enregistré un chiffre d’affaires de 133,8 milliards d’euros, en hausse de 11,4 %. « Une croissance due au redressement du marché intérieur (+11,7 %) et à la bonne tenue des exportations (+11 %), souligne la FIM, ajoutant que ces résultats permettent au secteur d’atteindre un niveau quasi équivalent à celui de 2019 (134,6 milliards d’euros). »
Quatre secteurs d’activité ont marqué un fort rebond. Il s’agit des équipements de production et équipements mécaniques, dont la hausse a atteint 10,6 %, une progression qui a profité à toutes les catégories d’équipements, et plus particulièrement au machinisme agricole, les machines-outils et matériels pour la construction. Suivent les composants et sous-ensembles intégrés (10,2 %), les pièces mécaniques issues du secteur de la sous-traitance (14,4 %), où « toutes les branches d’activité ont profité de cette reprise, avec une pointe à 22,9 % pour la fonderie et le traitement de surface ». Et enfin, les produits de grande consommation (13,7 %).
Exportations en hausse
Quant aux exportations, elles sont en progression de 11 % par rapport à 2020. « Le taux d’exportation de la mécanique française reste à peu près stable à 37,6 %, avec une balance commerciale globale déficitaire de 17,3 milliards d’euros en 2021 », fait-on savoir au sein de la FIM. L’Allemagne reste de loin le premier pays client de la mécanique française avec un taux 15,3 % des exportations en 2021, relève le porte-parole des industries mécaniques, dont les échanges se concentrent principalement vers les pays membres de l’Union européenne. Les exportations ayant enregistré une hausse de +15,7 %, contre +6 % en dehors de l’UE.
Près de 2 % de baisse des effectifs
« Cependant, les exportations totales restent en retrait par rapport à 2019, analyse la FIM. Sur les dix premiers marchés, seules les expéditions vers l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne et la Suisse ont retrouvé leur niveau d’avant crise sanitaire. » En 2021, on comptait 10 646 entreprises de mécanique de plus de 10 salariés. Premier employeur industriel de France (environ 20 %), le secteur enregistre toutefois une baisse de ses effectifs de 1,9 %, passant de 602 523 à 591 327 salariés. « Ce recul est à mettre en parallèle avec la légère augmentation du nombre de défaillances d’entreprises en 2021 mais aussi à la difficulté de recrutement », analyse la fédération. Les PME restent toujours confrontées à un manque de main-d’œuvre qualifiée sur de nombreux métiers.
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