La hausse des prix de l’énergie « nous oblige à nous réinventer »
Alors que les prix du gaz ont explosé, le dirigeant de SFS France, un fabricant de vis pour la construction, cherche à transformer cette crise énergétique en opportunité.
Alors que la crise énergétique ébranle de nombreuses entreprises de mécanique, SFS France, un fabricant de systèmes de fixation pour la construction, n’a pas attendu la flambée des coûts de l’énergie pour agir. Comme son dirigeant Alain Mangeard l’explique sur son compte LinkedIn, son entreprise située à Valence (Drôme) consomme 10 gigawattheures de gaz par an pour produire des vis. En 2019, SFS France a installé un système de récupération de chaleur sur son four de traitement thermique. « Le retour sur investissement était prévu en sept ans. Le but initial était de réduire notre CO2. La hausse du prix du gaz a permis d’amortir ce système en une année », s’est-il félicité.
Mais Alain Mangeard ne s’est pas arrêté là. « Nous avons, depuis, travaillé sur d’autres aspects en termes de consommation énergétique et visons 6,4 GWh de gaz en 2022 », poursuit-il, tout en arguant : « Passer de 10 à 6,4 GWh de gaz est bon pour la planète. » Car l’industriel est convaincu que l’augmentation du coût de l’énergie va permettre de « se poser de bonnes questions sur notre consommation et de travailler sur la réduction de celle-ci ».
« Les entreprises industrielles ne peuvent pas s’adapter à une telle variation des prix »
Mais il met un bémol : « Par contre, l’explosion que nous connaissons à l’heure actuelle avec les fluctuations imprévisibles est une mauvaise nouvelle. Les entreprises industrielles ne peuvent pas s’adapter à une telle variation des prix surtout lorsque la concurrence ne subit pas les mêmes impacts (contrats à longs termes pour certains, imports d’Asie ou de zones ne subissant pas les mêmes contraintes pour d’autres…) », analyse Alain Mangeard, qui dénonce la « dérégulation du marché au détriment des entreprises industrielles européennes ». Et de s’interroger : « Comment décider d’investissements ou de recrutements dans de telles circonstances ? »
« Concurrence déloyale »
Pour cet ingénieur diplômé des Arts et Métiers, il est nécessaire que l’Europe tranche rapidement sur le sujet, en offrant l’accès à tous les industriels européens à des sources d’énergies (gaz et électricité) à des prix fixes, prévisibles et équitables. « Il est également nécessaire de faire jouer immédiatement un mécanisme aux frontières de l’Europe pour que nos industriels ne subissent pas de concurrence déloyale, poursuit l’ancien « gadzart ». Il en va des emplois et de la reindustrialisation européenne, gage d’autonomie de l’Europe. »