Industrialiser son prototype en 48 heures chrono
Du 22 au 24 novembre, une cinquantaine d’entreprises savoyardes proposent de mettre à disposition des lauréats d’un appel à projets, une équipe et du matériel, afin qu’ils puissent s’assurer que leur produit est industrialisable.
Passer en 48 heures d’un prototype fonctionnel à un produit industrialisé, c’est le défi que l’association les Forces industrielles des Pays de Savoie (FIPS) propose de relever. Pour cela, du 22 au 24 novembre, près d’une cinquantaine d’industriels de Haute-Savoie et de Savoie, membres des FIPS, mettront à la disposition des candidats leurs équipes (R&D, production, achat, qualité, etc.) et leurs moyens (ateliers, matières premières, machines de production, outillages, banc de tests, équipements de contrôle, etc.). Et cela gratuitement. Il est également précisé que ce challenge s’inscrit dans un cadre juridique pour la confidentialité des projets, et qu’une charte d’éthique des affaires signées par les membres des FIPS a été mise en place.
Cette initiative s’adresse aux TPE, PME, et start-up situées en France et en Suisse, ayant déjà validé leur prototype fonctionnel et déterminé leurs objectifs de volume et de coût de revient cible. Elles doivent adresser leur candidature sur ce lien avant le 30 septembre.
Comité d’experts
Les candidatures seront étudiées par un comité d’experts, composé de l’équipe organisatrice, des chefs d’entreprise pour la plupart. « L’idée étant d’étudier si le produit ou l’innovation du candidat est assez mature pour rentrer en phase d’industrialisation, explique Mathilde Juin, coorganisatrice de cette opération et directrice générale de l’agence de design et d’ingénierie Conicio, à Annecy. Car si on veut obtenir des résultats en 48 heures, il faut que le prototype soit déjà fonctionnel, validé avec un business plan. » Mathilde Juin rappelle aussi que le but de cet appel à projets est de pouvoir apporter des réponses techniques à une ou plusieurs problématiques sur lesquels le candidat bute. Par exemple, le concepteur n’arrive pas à descendre le coût d’un sous-ensemble de son produit en dessous de X euros, qu’il n’arrive pas à assembler deux pièces sans passer par une opération manuelle, ou qu’il ne parvient pas à sourcer tel composant en France. Bien sûr, prévient Mathilde Juin, seuls les dossiers dont les problématiques sont en adéquation avec les compétences des entreprises membres des FIPS seront retenus.
« 48 heures afin de créer une émulation très forte »
Pourquoi 48 heures ? Notre interlocutrice nous explique s’être appuyée sur le concept des « start-up week-end », où les participants ont deux jours intenses pour élaborer un projet de start-up avec une équipe. « Avec un format très court, où beaucoup d’équipes sont engagées, et de ressources mises à disposition, on vient créer une émulation très forte », projette Mathilde Juin, qui précise que c’est la première fois que l’association se lance dans ce type d’événement. Et de souligner : « Les projets ne vont pas se découvrir le jour-J, il y aura un travail de préparation en amont, les projets auront été identifiés et les équipes construites, en identifiant quels sont les différents besoins afin de tracer le plan d’action des 48 heures. »
Ainsi, le 22 novembre, tout sera prêt et le chronomètre déclenché. Selon la nature des projets, le candidat pourra s’appuyer sur plusieurs entreprises, selon leur savoir-faire, du bureau d’études à l’atelier de production. Le candidat viendra avec ses problématiques d’industrialisation clairement identifiées, et il devra « essayer de les lever une par une pour qu’il puisse repartir avec une sorte de ‘‘pack prêt à produire” », explique Mme Juin, qui a pu constater que la phase d’industrialisation était souvent « une étape très méconnue » des start-up. Ce challenge est une manière de leur faire prendre conscience que cette marche peut être décisive, car elle peut nécessiter de revoir la conception de son produit afin de le rendre compatible avec les techniques de fabrication industrielle.
Un impact positif pour financer son projet
Une fois les 48 heures passées, les organisateurs mettront en avant les projets qui se sont « particulièrement distingués », un peu sous la forme d’un tampon « projet approuvé par les FIPS », nous confie Mathilde Juin. « Ce qui peut avoir de la valeur notamment auprès des banques et des investisseurs, note-t-elle. Un projet qui a le soutien d’industriels qui y croient c’est quand même plus facile, plus rassurant pour un financier de l’accompagner. »
Puis, une fois que le candidat a réussi à financer son projet, à transformer son prototype en produit commercial, alors les entreprises membres des FIPS resteront à leur disposition. « Notre association a vocation à promouvoir l’industrie en Pays de Savoie, alors si les produits peuvent être fabriqués sur notre territoire, on sera ravis », glisse Mathilde Juin.
« Engager les entreprises en intelligence collective »
Quinze industriels des Pays de Savoie se disant concernés par les enjeux économiques, sociaux et environnementaux ont décidé de monter une association de part ces valeurs communes. Dénommée les Forces industrielles des Pays de Savoie, elle souhaite « engager les entreprises en intelligence collective », se définit-elle.
Afin de contribuer à l’animation économique et industrielle du territoire des Pays de Savoie, l’association porte des actions collectives répondant aux besoins des entreprises : mutations technologiques, sociétales et environnementales, ressources humaines, coopération inter-entreprises, soutien aux start-up, problématique transfrontalière, notoriété et attractivité.
L’association souligne qu’elle est gouvernée de façon « collective et indépendante », par ses quinze membres fondateurs que sont Bontaz, Bosch, Bucci Industries, Clufix, Decorec, Gaston-Perrollaz, Gouvernon, HBP, Inventhys, La Précision Industry, Nicomatic, NTN-SNR, Pfeiffer Vacuum, Pracartis et Stäubli.
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