Gigafactories : le grand défi de la formation
L’implantation de trois usines de batteries dans les Hauts-de-France a fait émerger le besoin de nouvelles compétences. Les emplois directs liés à la capacité de production française ont ainsi été estimés autour de 3 000 en 2026.
Avec l’implantation de trois gigafactories, dans les Hauts-de-France, ACC à Douvrin (Pas-de-Calais), Envision à Douai (Nord) et Verkor à Dunkerque (Nord), spécialisées dans la fabrication de batteries, ce sont plus de 10 000 emplois directs et indirects qui vont être créés. Les emplois directs liés à la capacité de production française ont ainsi été estimés autour de 3 000 en 2026 et 4 300 en 2030, sachant que l’amélioration du savoir-faire de production de batteries et des procédés d’ici à 2030 devrait faire diminuer le nombre d’emplois par gigawattheure, selon l’Observatoire compétences industries, qui a publié une étude prospective sur les besoins en compétences de la filière batteries en France.
Seulement voilà, une majorité de ces emplois demanderont des compétences inexistantes ou presque. D’où le projet Electro’mob. Ses objectifs : promouvoir la filière batterie, ses entreprises, ses emplois et ses filières de formation et les territoires. Selon Luc Messien, pilote opérationnel du projet, il s’agit d’une approche inédite et innovante, car Electro’mob « repose sur le décloisonnement et favorise la complémentarité des acteurs et des partenaires nationaux et régionaux, publics et privés, académiques et professionnels ».
Identifier les nouveaux besoins
Un levier sera utilisé, celui d’intéresser aux métiers de l’électromobilité, en particulier celle de la batterie, en sensibilisant et encourageant « les talents, les jeunes et les actifs en reconversion à s’engager dans ces nouveaux métiers », indique l’Opco 2i, un opérateur de compétences interindustriel. Et de préciser qu’il s’agira aussi d’accéder à de nouvelles compétences. Ainsi, tout en consolidant l’existant, l’opérateur explique qu’il faudra adapter et faire évoluer les systèmes de formation pour répondre à ces nouveaux besoins. Mais aussi, « renforcer l’existant par de nouveaux dispositifs en identifiant précisément les nouveaux besoins et en proposant des formations adaptées », ajoute-t-il.
Les métiers exercés dans les gigafactories toucheront à la fois l’assemblage et la fabrication des composants des batteries, l’automatisation, la maintenance des installations de production, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, et le contrôle de la qualité des batteries produites, entre autres.
Parcours de formation
Plusieurs formations seront proposées afin de mieux répondre aux attentes des employeurs, à la fois aux jeunes, demandeurs d’emplois comme aux personnes en reconversion, avait indiqué Laurent Rigaud, président de la CMA Hauts-de-France et vice-président de la Région, sur le réseau social X (ex-Twitter).
Ainsi, l’opérateur Opco 2i a été chargé d’assurer l’accompagnement des entreprises partenaires du projet « dans la mise à disposition » des talents et des compétences nécessaires au développement des trois gigafactories des Hauts-de-France. Pour cela, il bénéficie d’un budget de 578 000 euros sur 5 ans.
Opco 2i rapporte que c’est sa délégation des Hauts-de-France qui participe à la mise à disposition des bons dispositifs de formation et d’emploi. Aussi, elle pourra « aider à la construction des parcours de formation et au-delà des fonds qui sont alloués spécifiquement au projet, en mobilisant notamment des dispositifs traditionnels comme la POEC [préparation opérationnelle à l’emploi collective] et les contrats de professionnalisation pour répondre aux enjeux ».
Depuis le mois de mai, un plateau technique dénommé Battery Training Center, unique en Europe, situé à Douvrin (Pas-de-Calais), dispose de tous les équipements nécessaires (une sorte de mini-usine à batteries reconstituée) pour former les futurs professionnels du domaine de la batterie pour voitures électriques. Ces formations de 400 heures s’adressent aussi bien aux jeunes diplômés ou non diplômés, qu’aux salariés en reconversion et demandeurs d’emploi.
Ce plateau technique, dont le coût total s’élève à 1,3 million d’euros, a été financé à 37 % par les Hauts-de-France (485 000 euros). Selon la Région, l’activité Battery Training Center devrait progressivement s’accentuer, afin de pouvoir accueillir jusqu’à 40 stagiaires par session.
Contrat de professionnalisation
« Les gigafactories sont déjà en train de recruter et commencent à nous solliciter, explique Patrick Delgove, directeur de la délégation Hauts-de-France d’Opco 2i. Nous assurerons donc notre rôle opérationnel, en tant qu’opérateur de compétences, de courroie de transmission entre le projet et les entreprises. Nous voyons comment les aider au mieux en proposant des préparations opérationnelles à l’emploi collectives et en accompagnant si nécessaire le recrutement avec le contrat de professionnalisation. Ensuite, nous allons faire le lien avec les nouvelles formations qui vont être conceptualisées dans le cadre du projet. »