Comment protéger vos employés en période de fortes chaleurs

Que faire en cas de fortes chaleurs dans les ateliers ? L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles livre ses recommandations.

Bien que l’été ait tardé à faire grimper le mercure, les épisodes caniculaires et de fortes chaleurs finiront bien par entrer dans les conversations, notamment entre collègues de travail. Dans les ateliers de mécanique, à part dans ceux où la précision au micron impose un espace climatisé, l’environnement peut s’avérer potentiellement dangereux pour la santé des employés. En tout cas, c’est ce que soulève l’INRS. Car la multiplication et l’intensification de ces épisodes de fortes chaleurs peuvent impacter l’activité et le quotidien des salariés. Dans ce contexte, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles rappelle, dans un communiqué, la nécessité pour les entreprises d’agir en matière de prévention des risques professionnels.

Quels sont les principaux risques encourus ? Nausées, vertiges, pertes de vigilance, répond l’INRS, qui ajoute que « la déshydratation et le coup de chaleur du salarié peuvent s’avérer mortels ». Certes, le risque étant particulièrement plus élevé chez les personnes travaillant en extérieur. Mais ce spécialiste de la prévention des risques professionnels rappelle que pour ceux qui auraient des pathologies chroniques ou des traitements médicaux, entre autres, cela peut « influer sur les capacités de thermorégulation du corps ».

Qu’impose la loi ?

Mais que dit le code du travail à ce sujet ? Selon l’INRS, il ne fixe pas de température maximale au-delà de laquelle il est interdit de travailler. Aussi, « l’évaluation des risques professionnels liés à la chaleur doit s’inscrire dans la démarche globale de prévention à l’initiative de l’employeur », recommande l’institut. Car la loi impose à l’entreprise de « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des travailleurs et protéger leur santé », explique Jennifer Shettle, responsable du pôle informations juridiques à l’INRS.

Afin d’anticiper la gestion d’épisodes de fortes chaleurs ou de canicule, l’INRS préconise d’identifier, en amont, les risques liés à l’organisation au poste de travail, à la nature des tâches à accomplir et à l’aménagement des locaux de l’entreprise. En intégrant ces différents paramètres dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), l’employeur bénéficiera alors d’une feuille de route pour déployer, « avec le concours des représentants du personnel (CSE ou CSSCT), des salariés et du service de prévention et de santé au travail », des actions de prévention adaptées.

Buvez régulièrement de l’eau, même si vous n’avez pas soif, recommande l’INRS. Soit un verre d’eau toutes les 15-20 minutes. (photo Shutterstock)

L’employeur devra porter à la connaissance des salariés les mesures de prévention (collectives et individuelles) adoptées et le mode d’organisation des secours en cas de malaises, « tout en veillant à les faire respecter par son personnel », glisse Jennifer Shettle, qui précise que « l’employeur, indépendamment des mesures déjà mises en place, ne devra pas hésiter à faire cesser le travail s’il estime que ses salariés sont en danger ».

A partir de quelle température faut-il s’inquiéter ?

A quel degré Celsius faut-il commencer à s’inquiéter ? L’INRS évoque les valeurs de 30 °C pour une activité sédentaire et 28 °C pour un travail nécessitant une activité physique. Deux valeurs qui peuvent être utilisées comme repères pour agir en prévention, suggère-t-il. « Toutefois, certaines situations de travail peuvent être dangereuses en-dessous de 28 °C ou maîtrisées au-delà de 30 °C, la température de l’air ne suffisant pas à évaluer les risques liés aux ambiances thermiques chaudes », nuance le centre de recherche.

Plusieurs facteurs peuvent participer à « l’astreinte thermique » : l’environnement de travail (humidité, déplacements d’air, rayonnement solaire), les caractéristiques de l’activité (tenue de travail, charge physique), les paramètres individuels pouvant influer sur les capacités de thermorégulation (acclimatation, antécédents, traitements…). Et enfin, l’organisation du travail et les moyens mis à disposition peuvent moduler le risque (possibilité de prendre des pauses dans un endroit frais, accès à l’ombre, à l’eau…).

LB Industrie a choisi un système adiabatique pour faire baisser la température dans son atelier

A Cluses, en Haute-Savoie, l’entreprise d’usinage LB Industrie a trouvé la parade pour refroidir à moindre coût son atelier, équipé de plusieurs centres d’usinage Willemin-Macodel. Ces machines-outils de grande précision sont équipées d’un dispositif permettant de refroidir les axes et l’huile. « Il s’agit de refroidisseurs qui ne sont jamais que des frigos, explique Eric Richard, le président de LB Industrie, joint par téléphone. Donc, cela veut dire qu’ils développent du chaud pour faire du froid. » Avec pour conséquence, d’augmenter la température dans l’atelier. « L’été, la température était montée jusqu’à 43°C », témoigne le dirigeant. Et d’ajouter : « Sachant qu’à partir de 38-39°C, nos refroidisseurs n’arrivent plus à éliminer les calories. Ils se mettent en arrêt et nos machines-outils aussi. »

Cette année, Eric Richard a donc décidé de s’équiper d’un système adiabatique. « Il récupère l’air chaud extérieur, la fait passer à travers un échangeur avec de l’eau, puis il renvoie un air qui aura perdu environ dix degrés », décrit M. Richard. Notre usineur nous confirmait, mercredi 24 juillet, que la température dans l’atelier était située autour de 28-29°C. « On pourrait descendre plus bas, mais le dispositif consommerait alors plus d’électricité et d’eau. » Et de souligner qu’à 28°C, « nous retrouverons à peu près la même température observée en hiver et sans avoir besoin de mettre le chauffage central de l’entreprise ». Chez LB Industrie, les machines ne font pas que produire des pièces.

Prévention : quelles mesures faut-il prendre ?

Voici les 7 mesures de prévention liées aux fortes chaleurs recommandées par l’INRS

1. Adapter les horaires de travail durant les périodes de fortes chaleurs, notamment pour les travaux en extérieur
2. Augmenter la fréquence et la durée des pauses
3. Mécaniser certaines tâches
4. Installer des ventilateurs et climatiseurs dans les locaux
5. Prévoir des stores et des zones ombragées
6. Offrir un accès à l’eau ou à des boissons fraîches à proximité des postes de travail
7. Privilégier le travail en équipe pour favoriser une meilleure entraide entre salariés, organiser les secours