En route pour devenir champions de France

Cet été, nous avions rencontré deux finalistes aux WorldSkills France, la compétition nationale des métiers, alors en pleine préparation. Le fraisage pour l’un, la fabrication additive pour l’autre. Témoignages.

Anthony Tassile a un rêve : celui de devenir champion de France en fabrication additive. Pour cela, il a concouru aux sélections régionales des WorldSkills France, la compétition nationale des métiers. Alors élève de la classe BTS CIM du CFAI Formavenir (aujourd’hui diplômé), il se voit proposer, par son formateur Christophe Maisant, de participer au concours. Il raconte : « Le lancement des épreuves de fabrication additive est arrivé au dernier moment, car au départ je pensais participer aux WorldSkills dans la catégorie productique industrielle en équipe, seulement voilà il fallait faire aussi de l’électronique et on n’a trouvé personne. J’ai eu la chance de faire mon alternance chez Napa Technologies, en R&D prototypage rapide, impression 3D résine et FDM, je me suis dit qu’il y avait là une belle opportunité de concourir en fabrication additive. »

Anthony se souvient de son épreuve régionale, qui se tenait dans son centre de formation, à Thyez, en début d’année. « Quand je suis arrivé, j’avais tout prévu, la caisse à outils, les étaux, les limes pour le post-traitement, vraiment plus qu’il ne fallait. A un moment donné, mon impression 3D a un peu loupé, mais je savais que je pouvais la rattraper en post-traitement, raconte-t-il. Finalement, j’ai gardé l’impression en laissant la machine en route, en me disant que j’allais sans doute perdre quelques points. Au final, j’ai terminé avec une note de 93 sur 100. »

Préparation physique et mentale

Sélectionné pour les finales des WorldSkills France, Anthony était, cet été, en pleine préparation. « On a la chance d’avoir un coach pour la préparation physique et mentale, confiait-t-il. Je suis sponsorisé par F3DF [le centre de formation d’Autodesk], qui paie la formation sur le logiciel CAO Fusion 360, la Région m’aide, ainsi que le Rotary Club, ce qui m’a permis de m’équiper d’un PC très performant. »

Anthony Tassile se prépare à la finale des championnats de France des WorldSkills, dans la nouvelle catégorie fabrication additive, le 12 juillet.

Passionné par les technologies, notre jeune diplômé possédait déjà une imprimante 3D. Mais il envisageait quand même de s’acheter un scanner 3D pour s’entraîner à la rétroconception, en plus des séances d’entraînement qu’il a pratiquées au CFAI sur une imprimante Form 3 de Formlabs, le même modèle mis à disposition des compétiteurs à Lyon. « Encore aujourd’hui [nous l’avions rencontré le 12 juillet], j’ai réalisé des pièces en résine chez mon employeur pour m’entraîner », disait-il en montrant au journaliste la pièce sur son smartphone. Tout l’été, Anthony a prévu de faire sa formation sur Fusion 360. Il a travaillé aussi sur l’optimisation topologique, regardé des vidéos sur YouTube. « Je m’entraîne sur chacun des sujets prévus pour les finales de Lyon », confiait-il.

Des beaux-arts à la micromécanique

Le parcours d’Anthony est atypique. Les souvenirs de voir son grand-père travailler dans son atelier de restauration de meubles le pousse à passer un bac pro microtechniques et un BEP en maintenance des produits et équipements industriels. Finalement, la mécanique le lasse, et il choisit d’entrer à l’école des beaux-arts d’Annecy, « pour retrouver le côté créatif qui me manquait », raconte-t-il, avant que le désir de retourner dans la mécanique ne finisse par le tarauder. Ce qui l’emmènera à entrer au CFAI de Haute-Savoie.

Une autre graine de champion est née dans les salles de cours du même CFAI. Lucas Brunet est finaliste des épreuves régionales de fraisage pour les WorldSkills. Machines Production TV l’avait suivi durant la compétition (voir le reportage). Elève désormais en deuxième année de BTS CIM, lui aussi était en pleine préparation pour la grande finale de septembre. « Je m’entraîne beaucoup sur les machines et les logiciels de FAO. » Lucas se chronomètre, cherche à améliorer son temps. « Je m’entraîne chez mon employeur, chez moi, partout où je peux », affirmait-t-il, en juillet.

« Deux mois de rush jusqu’aux épreuves »

Sa participation à une telle compétition est motivée par son obsession à toujours se dépasser. « Puis, je veux réussir pour tous ceux qui m’accompagnent et me soutiennent dans ce projet », analyse notre jeune fraiseur, qui n’a pas pris de vacances. Et qui déjà prévoyait : « Ça va être deux mois de rush jusqu’aux épreuves. Il y a encore du chemin à parcourir, du travail à abattre jusqu’à la finale. » Son tuteur, chez Nicomatic, a tout de suite vu en Lucas, une personne ayant « des aptitudes certaines sur le maniement des machines et la programmation », témoigne Lilian Camboulives. Régleur sur tours à poupée mobile, il décrit « son » alternant comme quelqu’un d’« un peu impatient », qui « veut tout de suite réussir », alors il a « tendance à s’acharner ». Lilian trouve que Lucas a « une grande capacité de compréhension ». Et d’argumenter : « Il a réussi à maîtriser trois logiciels de CFAO. Celui que nous utilisons dans l’entreprise, mais aussi ceux des partenaires de la compétition des WorldSkills. » Une graine de champion de France est peut-être née.

Lucas Brunet, sélectionné pour la finale nationale des WorldSkills au métier de fraiseur, le 12 juillet.