A Fos-sur-Mer, GravitHy ouvrira la première usine d’acier vert
Sa construction devrait commencer en 2024 pour une production de minerai de fer dès 2027, à partir d’hydrogène vert. GravitHy vient d’être associée à son partenaire américain Plug, chargé de construire la même usine en Finlande.
Le français GravitHy, a annoncé, le 30 mai, être associé à Plug dans le cadre du projet de construction de trois usines de production d’hydrogène vert en Finlande. C’est au groupe d’électrolyseurs américain Plug Power, qui fournit des solutions d’hydrogène vert clés en main, qu’a été confié le développement de ces trois usines, qui devront produire, d’ici la fin de la décennie, 850 tonnes par jour (TPD) d’hydrogène vert, soit 2,2 gigawatts (GW) de capacité d’électrolyse. L’hydrogène vert, qui sera produit à partir des électrolyseurs PEM et de la technologie de liquéfaction de Plug, sera utilisé comme énergie dans le cadre de la production d’ammoniac et de minerai de fer en Finlande.
Et c’est pour l’usine de minerai de fer, que Plug s’est associé avec son partenaire GravitHy, une société française industrielle dédiée à la décarbonation de la chaîne de valeur de l’acier, laquelle développe actuellement sa première usine, similaire à celle en Finlande, et qui produira, chaque année, deux millions de tonnes de minerai de fer préréduit (production de fer à partir de minerai par réduction des oxydes de fer sans fusion du métal) à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), avec une source d’hydrogène décarboné.
Création de 3 000 emplois
« La décarbonation de la production d’acier représente un défi immense et pressant », explique Jose Noldin, PDG de GravitHy, une toute jeune entreprise sidérurgique durable créée en 2022, qu’il présente comme étant « à l’avant-garde de la révolution de l’acier vert, en étant le fer de lance de la refonte de la chaîne de valeur et en créant une valeur significative dans le processus ». Pour M. Noldin, cette collaboration en Finlande, avec l’américain Plug, « ne renforce pas seulement notre poids commercial, mais suscite également l’intérêt du marché et donne de l’élan à la transformation de l’Europe vers un avenir durable ».
A Fos-sur-Mer, le projet de GravitHy mobilise un investissement global de 2,2 milliards d’euros. La production industrielle devrait commencer en 2027, et générer plus de 3 000 emplois directs et indirects pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Selon GravitHy, cette première usine doit permettre d’éviter jusqu’à quatre millions de tonnes de CO2, soit 5 % des émissions de 2019 du secteur industriel. Le minerai de fer préréduit sera utilisé soit sur place comme matière première pour l’acier vert, soit commercialisé au niveau mondial sous la forme de fer briqueté à chaud. GravitHy est issue d’un consortium industriel composé d’EIT InnoEnergy, Engie New Ventures, Plug, Forvia, Primetals Technologies et le groupe Idec.
« Il est temps d’opérer un changement de technologie »
« Il y a, en France, une profonde aspiration à la transformation des industries à forte intensité énergétique, et notamment le secteur de l’acier, explique Karine Vernier, à la tête du consortium. GravitHy sera un élément essentiel de la feuille de route de la filière mines et métallurgie proposée par le gouvernement français et de son ambition de réduire les émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030. Il est temps d’opérer un changement de technologie, de remplacer les anciens hauts fourneaux par des DRI [minerai de fer préréduit] produits à partir d’hydrogène vert et bas carbone et combinés à des fours à arc électrique. Ensemble, avec nos partenaires, nous nous engageons à relever ce défi, en misant sur un modèle de business model intégré dans lequel chacun apporte son savoir-faire et où nous partageons les risques et les bénéfices. »
En localisant cette première usine sur cette commune, située sur le littoral méditerranéen, le site se trouve « au carrefour du commerce européen, ce qui nous permettra de renforcer la sécurité de l’approvisionnement sur le continent », ajoute Mme Vernier, qui est également la PDG d’EIT InnoEnergy.
Développer une économie de l’hydrogène vert
Les entreprises fondatrices de GravitHy disent miser sur leurs complémentarités et une « collaboration intersectorielle ». EIT InnoEnergy, un investisseur en matière d’innovation dans l’énergie durable, fournira ses services d’accélération commerciale par l’intermédiaire de l’European Green Hydrogen Acceleration Center (EGHAC). Ce dernier entend développer une économie de l’hydrogène vert de 100 milliards d’euros par an d’ici 2025.
Engie New Ventures apportera sa connaissance des marchés de l’électricité, des énergies renouvelables, et de l’hydrogène. En étant l’un des principaux fabricants d’électrolyseurs, Plug offre son expérience dans les projets intégrés d’hydrogène. Le groupe Idec, cet acteur du marché immobilier, a apporté son soutien à la recherche de terrains. Quant à Primetals Technologies, il fournira sa technologie et son expertise dans la production d’acier vert et bas carbone, tandis que Forvia, représente l’aval de la chaîne de valeur et le débouché marché.