Machine-outil en France : un marché résilient ?
Après une croissance de 18 % en 2022, la demande semble montrer des premiers signes de ralentissement. Mais la volonté d’investir est toujours là.
En 2022, le marché français de la machine-outil a affiché une croissance de +18 % en valeur. C’est ce qui ressort de l’étude annuelle réalisée par Evolis. Ainsi, la consommation du marché a atteint 1 291 millions d’euros, alors que la production de machines en France est restée stable sur l’année à 780 millions d’euros, observe l’organisation professionnelle des biens d’équipement. Pour l’essentiel des ventes, il s’agit de machines pour l’usinage, lesquelles représentent 63 % des achats contre 37 % pour le formage.
Si la production française a notamment subi la baisse de la demande chinoise, dont les importations depuis la France ont chuté de -39 % en 2022, les exportations de machines-outils françaises ont en revanche progressé, en direction de l’Italie, la Suisse et la Turquie. Côté importations, l’Allemagne a confirmé son statut de premier partenaire commercial de la France en 2022, relève Evolis. Le baromètre montre que ce sont les ventes de machines-outils d’usinage qui ont été les plus dynamiques, avec une forte progression de 21 %, suivi par les machines-outils de formage (+13 %) et les machines travaillant par procédés physico-chimiques (+5 %).
En cette année 2022, l’industrie aéronautique est devenue le premier secteur client de la machine-outil, avec une part de marché de 27 % des ventes totales (contre 17 % en 2021). Le secteur de la mécanique générale et de l’industrie automobile sont classés respectivement à la deuxième et troisième place.
Le baromètre se dégrade
Quant aux perspectives pour 2023, l’organisation nationale des constructeurs de machines et d’équipements technologiques pour toute l’industrie a vu son baromètre se dégrader « légèrement », sur le deuxième semestre. « Le marché des biens d’équipement devrait toutefois se montrer résilient sur l’ensemble de l’année 2023 », indique Evolis.
Pour la machine-outil, la demande a montré des signes de ralentissement au cours du premier semestre 2023. « Cependant, certaines industries consommatrices de machines-outils bénéficient de l’amélioration des chaînes d’approvisionnement », nuance Evolis, dont la croissance de l’investissement en équipements de production devrait s’établir à 2,5 % sur l’ensemble de 2023, avec une demande de machines-outils en progression de l’ordre de 6 % en 2023.
De nouvelles contraintes émergent
Mais il faut bien reconnaître que la demande demeure « en ralentissement progressif ». Car chez les industriels membres d’Evolis, « au fur et à mesure que les contraintes d’offre, telles que les difficultés de recrutement, le niveau élevé des prix des matières premières et les problèmes d’approvisionnement se résorbent, de nouvelles contraintes concernant la demande émergent », commente l’organisation qui représente les intérêts de 600 entreprises en France. Lesquelles disent se trouver impactées par la remontée de l’inflation, un accès au crédit plus restrictif et une situation de trésorerie moins favorable. Ce qui devrait freiner leurs activités. « Le flux des nouvelles commandes est en train de se tasser, comme en témoigne le fléchissement observé sur les carnets de commandes », relève Evolis.
Pour autant, le flux des nouvelles commandes se situe « encore à haut niveau » et « malgré ce ralentissement », les membres d’Evolis disent anticiper une légère croissance sur l’année 2023. De + 5,9 % pour les entreprises de matériels pour la production industrielle, + 6,5 % pour les entreprises de matériels pour la construction, + 7,5 % pour les entreprises de matériels de manutention et + 8,9 % pour les entreprises de matériels fluidiques.