Restaurer les récifs coralliens grâce aux technologies industrielles

Une start-up australienne a fait appel aux chercheurs en intelligence artificielle, experts en automatisation robotique et en conception de produits d’Autodesk pour mettre au point un process de fabrication inédit pour la culture du corail.

La start-up Coral Maker s’est associée avec l’éditeur de logiciels Autodesk pour ses travaux de restauration des récifs coralliens, car s’il faut entre dix mille et des dizaines de millions d’années pour qu’un récif corallien se forme, seulement quelques semaines suffisent pour qu’il meure, fait savoir Taryn Foster, la fondatrice de cette jeune pousse australienne. Docteur en biologie marine, dont l’entreprise familiale fabrique et commercialise du calcaire et des blocs de béton, elle a grandi en Australie, pratiquant, dès son enfance, la plongée avec masque et tuba dans les récifs coraliens de Ningaloo, au large de la côte ouest de l’île-continent.

En créant Coral Maker, Taryn Foster a eu l’idée de marier son expertise en biologie des coraux à celle de l’entreprise familiale : utiliser la technologie de fabrication pour restaurer les récifs coralliens à grande échelle. Et c’est avec l’aide d’Autodesk*, que Coral Maker a mis au point une méthode de production « locale et abordable » de bases en pierre, appelées aussi squelettes, de restauration de récifs coralliens, en s’appuyant sur des techniques de fabrication de maçonnerie existantes et des matériaux de construction récupérés.

Offrir au corail un environnement idéal pour se développer

Pour cela, Taryn Foster se sert des machines de maçonnerie de l’entreprise familiale et les déchets de pierres recyclées provenant de l’industrie de la construction pour produire en masse ces squelettes, qui offrent au corail « un environnement idéal pour se développer et prospérer », souligne-t-elle, précisant qu’ils agissent comme une plate-bande de jardin. Des bras robotisés, guidés par l’intelligence artificielle (IA) transplantent des fragments de coraux vivants sur des bouchons d’ensemencement, puis les fixent aux squelettes, lesquels sont ensuite « plantés » dans des « eaux optimales » de l’océan, où le corail commence à croître et à fusionner pour recouvrir la surface du squelette. Le corail atteint sa taille adulte entre 12 et 24 mois, indique Coral Maker, ce qui est beaucoup plus rapide que les nombreuses années nécessaires à la croissance de son propre squelette, couche par couche.

Chaque squelette constitue une basse de pierre offrant au corail un environnement idéal pour se développer. (photo Tim Campbell/Autodesk)

C’est dans le centre technologique de San Francisco, en Californie, que les chercheurs en IA d’Autodesk ont travaillé sur l’intelligence à apporter aux bras robotiques pour cette opération inédite de jardinage sous-marin. L’éditeur de logiciels explique la suite : « Des consultants basés dans le centre technologique de Birmingham, au Royaume-Uni, ont utilisé Autodesk Fusion 360, une technologie clé de la plateforme Design and Make d’Autodesk, pour concevoir et prototyper les squelettes, les bouchons de semence, les plateaux et les composants qui transforment les machines de maçonnerie en fabricants de squelettes de coraux. »

« Mélanges d’agrégats d’origine locale »

Une méthode de production mise au point afin qu’elle soit « facilement déployée à proximité des sites de restauration en utilisant des mélanges d’agrégats d’origine locale », indique Autodesk, qui assure que le process, testé dans l’usine de la famille Foster, permet de produire rapidement et à peu de frais jusqu’à 10 000 squelettes par jour, chacun pouvant contenir six à huit fragments de coraux, soit un total de 60 000 à 80 000 coraux. Taryn dit avoir pour objectif d’en fournir des millions, voire des dizaines de millions, chaque année, afin de donner une seconde chance aux récifs coralliens. « La collaboration avec Autodesk a créé un lien incroyable entre la biologie et la technologie. Ce lien nous a permis de développer de nouvelles technologies pour restaurer les récifs à un rythme inimaginable il y a seulement quelques années », se félicite Taryn Foster.

« Une tragédie se prépare »

Pour que le corail puisse se développer, plusieurs conditions doivent être réunies : un accès à la lumière du soleil, beaucoup d’eau propre, claire et salée, chaude mais pas trop. « Les conditions actuelles sont loin d’être favorables. La température des océans augmente, conséquence du changement climatique. Et une tragédie se prépare, regrettent la start-up Coral Maker et son partenaires Autodesk. Sans intervention, nous sommes en passe de perdre 70 à 90 % de l’écosystème le plus riche en biodiversité de notre planète, à savoir les récifs coralliens du monde entier, d’ici à 2050. »

Bases en béton en cours de fabrication à partir de déchets de pierres recyclées. (photo Tim Campbell/Autodesk)

Grâce au processus de fabrication de Coral Maker, la start-up australienne est en mesure d’ensemencer chaque année la restauration de cent hectares de récifs coralliens. Pour que les petites filles et les petits garçons d’aujourd’hui puissent retrouver le même spectacle sous-marin qui fascinait tant Taryn Foster, lorsqu’elle explorait le récif coralien au large de la côte ouest de l’Australie, au milieu d’une vie marine foisonnante.

*Autodesk et la Fondation Autodesk fournissent un soutien bénévole, des outils numériques, une technologie d’intelligence artificielle et une expertise en robotique