Mars, le projet qui veut rendre les PME plus résilientes
L’objectif est de s’attaquer à une difficulté rencontrée par les entreprises manufacturières depuis la crise Covid : les perturbations dans l’approvisionnement en matières premières et en composants.
Rien à voir avec la quatrième planète de notre système solaire que le rover Perseverance de la NASA est en train d’explorer. Ici, nous sommes bien sur Terre et derrière le projet Mars, il faut y lire : Manufacturing Architecture for Resilience and Sustainability. Ce qui donne en français : architecture de fabrication pour la résilience et la durabilité.
Ce projet mis sur orbite par la célèbre école des Arts et Métiers a pour objectif est de rendre les entreprises plus résilientes aux crises économiques, sanitaires et sociétales. Pour cela, les chercheurs travaillent sur un « processus de fabrication intelligent, capable d’introduire une flexibilité radicale selon les ressources disponibles, en redéfinissant en temps réel la matière première, la technologie, le débit, le site de fabrication, la date de livraison, la qualité éprouvée du produit et sa durabilité », peut-on lire sur le site Internet de l’école créée en 1780.
« Personnaliser les produits »
L’équipe de recherche mise sur la création d’un réseau européen de plateformes de fabrication interconnectées et coordonnées. Un projet qui a obtenu une subvention de 5,2 millions d’euros dans le cadre d’Horizon Europe, un programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation sur 2021-2027.
« Ce projet est né d’un constat : la création de valeur nait de la convergence des processus de conception et de fabrication, de la capacité à coordonner les flux de travail pour suivre le rythme des demandes des consommateurs et personnaliser les produits. Ce qu’on résume en design global and manufacture local. Il témoigne de l’implication d’Arts et Métiers dans la recherche d’innovations technologiques et organisationnelles impactantes, indispensables aux transitions énergétiques environnementales et sociétales », explique Mohamed El Mansori, professeur des universités et directeur du Laboratoire mécanique, surfaces, matériaux et procédés d’Arts et Métiers, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), qui pilote les travaux de recherche.
Limiter le transport de matières premières
L’idée est de recourir à des ressources locales afin de limiter le transport de matières premières, d’analyser les données collectées en temps réel sur les machines, ce qui doit permettre de générer des « paramètres de correction pertinents » et réduire les coûts directs de mauvaise qualité.
Il s’agit, dans un premier temps, de prédire la qualité des pièces fabriquées en fonction des paramètres du processus de fabrication, puis de développer un modèle d’intelligence artificielle (IA) capable de corriger le processus de fabrication. On apprend alors que la qualité des pièces fabriquées sera mesurée par des capteurs sans contact, fournis par Stil Marposs. « Le modèle de qualité et conformité des produits qui en résultera, basé sur l’IA, sera ensuite amélioré par apprentissage mutualisé, mis en œuvre par les partenaires du projet Mars », affirme l’établissement de recherche technologique français.
Briques technologiques
Il sera également question de développer un système multiagent pour l’organisation et la planification de la fabrication, où interviendra Texas A&M University, le partenaire stratégique du campus Arts et Métiers d’Aix-en-Provence. Conçu en réponse à la crise sanitaire liée au Covid-19 et aux défis qui en résultent dans les chaînes d’approvisionnement, le projet Mars est né de la rencontre entre Mohamed El Mansori, et Cosimi Corleto, directeur général de Stil Marposs, autour de projets communs de fabrication connectée et résiliente. L’alliance entre l’établissement d’enseignements et l’industriel est « facilitée par une langue commune, des environnements voisins simplifiant les échanges et les essais de matériels, explique Cosimi Corleto. Il témoigne de la vitalité de l’écosystème aixois. Les briques technologiques développées dans le projet Mars (IA, blockchain, edge-computing) permettent de formuler une hypothèse de ruissellement par la formation de nouveaux spécialistes, encourageant l’émergence de champions locaux dans ces domaines. »
Les autres partenaires au projet étant l’École supérieure polytechnique de Rhénanie-Westphalie RWTH (Allemagne), l’École polytechnique fédérale de Zurich (Suisse) et l’Université polytechnique nationale d’Athènes NTUA (Grèce).