La FIM veut l’arrêt des quotas d’importation d’acier
La mesure mise en place par l’Union européenne dans un contexte de surcapacités mondiales de l’acier n’a dorénavant plus lieu d’être, selon la Fédération des industries mécaniques.
C’est dans un communiqué commun que la FIM et la PFA demandent de mettre fin aux quotas d’importation d’acier. Pour cela, la Fédération des industries mécaniques et la Plateforme filière automobile s’appuient sur les conclusions d’une étude, qu’elles ont confiée au cabinet PriceWaterhouseCoopers (PwC), portant sur l’impact des mesures européennes de sauvegarde sur l’acier, mises en œuvre depuis près de 5 ans. L’étude montre que ces « mesures ne sont absolument plus nécessaires dans la situation économique actuelle ».
En 2018, l’administration du président des Etats-Unis Donald Trump avait décidé de protéger davantage son industrie sidérurgique. Dans un contexte de surcapacités mondiales et de détournement des échanges résultant des nouveaux droits de douane américains sur l’acier, l’Union européenne (UE) avait identifié un risque d’importation massive d’acier. C’est la raison pour laquelle l’UE a mis en place des mesures de sauvegarde, avec des quotas d’acier importé, au-delà desquels une taxe de 25 % a été appliquée. Ce qui a provoqué une hausse des prix des aciers en Europe, « parmi les plus chers du monde », soulignent la FIM et la PFA, inquiètes face à la « perte de compétitivité des secteurs aval de l’Union européenne ».
En France, les consommateurs d’acier ont vu leur écart de compétitivité se creuser chaque jour
L’étude montre surtout que les quotas des mesures de sauvegarde sont « presque entièrement utilisés par la plupart des pays producteurs extra-européens », alors que les importateurs européens intègrent la taxe supplémentaire et la répercutent dans leurs prix, parce qu’ils sont « dans l’incapacité de déterminer si le quota est dépassé ou pas au moment de leur commande ». Ainsi, le système contribue directement à l’inflation. Avec pour conséquence, des industries consommatrices d’acier qui ont vu leur écart de compétitivité avec leurs homologues des pays tiers « se creuser chaque jour ».
Les deux organismes qui représentent en France les industries de l’automobile et de la mécanique pointent que ces mesures de sauvegarde sont venues contribuer à « l’inflation et à la désindustrialisation » de l’UE. Dans ce contexte, c’est toute l’industrie sidérurgique européenne qui sera mise en difficulté.
Taxe carbone
Voilà pourquoi la FIM et la PFA, dont leurs membres respectifs se retrouvent « confrontés à la concurrence internationale », demandent à la Commission européenne de « mettre fin aux mesures de sauvegarde sur les aciers, qui ne se justifient plus ». Une requête qui s’appuie également sur le « coût de l’énergie et le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Europe qui vont encore augmenter le différentiel de compétitivité entre l’UE et les autres zones commerciales dans le monde pour les industries avales utilisatrices de métaux et d’énergie ».
En effet, sur le site Internet du journal Challenges, Henri Morel confiait, le 10 mai, être préoccupé par les effets de la taxe carbone, adoptée le 18 avril dernier au Parlement européen. Car celle-ci « ne s’appliquera, dans un premier temps, qu’aux matières premières et non aux produits finis et semi-finis », pouvait-on lire dans Challenges. Le président de la FIM rappelait alors que pour une tonne d’acier, « il faudra débourser environ 100 euros de plus pour compenser les émissions de CO2 associées à une commande ». Et d’estimer que cette hausse des coûts d’approvisionnement ferait chuter de « 5 à 50 % les résultats d’exploitation d’environ 4 000 entreprises de l’industrie mécanique ».
« Risque de désindustrialisation »
FIM et PFA, présidée respectivement par Henri Morel, et l’ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie, Luc Chatel, dénoncent également un autre effet pervers de ces mesures : celui de rendre plus chères les matières premières. Ce qui contribue à « encourager la délocalisation des activités manufacturières aux frontières de l’Europe et donc renforcent le risque de désindustrialisation de celle-ci ». A l’inverse du discours tenu par le président Emmanuel Macron, à l’Elysée le jeudi 12 mai.
Pour cela, les industries avales doivent accéder « sans restriction » à l’acier, avec des prix compétitifs, « faute de quoi, préviennent les deux filières, il leur sera difficile de faire face durablement à une concurrence extra-européenne ne subissant pas les mêmes tendances inflationnistes qu’en Europe ».
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