Zeiss crée un challenge pour détecter les futurs talents

Face à une pénurie de main-d’œuvre qu’il a rencontré chez ses clients, le spécialiste de la métrologie a décidé de lancer un concours auprès des jeunes, pour les attirer vers un métier en pleine évolution.

Redonner à la métrologie ses lettres de noblesse. Voilà en substance ce qui est à l’origine du premier Zeiss Challenge Metrology 4.0, qui décernera un prix aux trois meilleurs groupes participants, formés de deux ou quatre élèves de niveau bac, bac +2 ou bac +5. Un concours sans frontières, puisqu’il est ouvert également aux étudiants suisses et des pays du Maghreb. Trois prix décernés : 4 000, 3 000, et 2 000 euros, plus un prix coup de cœur du jury de 1 000 euros, lesquels seront remis à l’issue de la finale, qui se déroulera le 11 juin à Marly-le-Roi (Yvelines), siège de Carl Zeiss France.
Comment se déroulera le challenge ? Les candidats devront remettre, sur une plateforme Web dédiée, un dossier, selon la ou les thématiques choisies (lire plus bas), qui devra contenir de trois à cinq slides, permettant de retenir 22 sélectionnés. Puis, ces derniers devront livrer un deuxième dossier, plus approfondi cette fois-ci, d’environ vingt slides, avec une vidéo de présentation, afin de retenir de 5 à 10 dossiers. Enfin, un vote désignera les quatre finalistes, qui seront départagés lors de la finale à Marly-le-Roi.

« Passer par un chasseur de tête »

Les raisons qui ont poussé la filiale du groupe allemand à se lancer dans un tel projet, résultent d’un constat : la pénurie de main-d’œuvre en métrologie. « Et si chez nous, nous rencontrons des difficultés à recruter, inutile de vous dire que chez nos clients, c’est puissance mille, affirme Cyril Aujard, directeur général de Zeiss Métrologie Industrielle. Il y a une vraie pénurie d’ingénieurs et de techniciens en métrologie et mesure 3D. Aujourd’hui l’industrie va bien. Par contre, le problème c’est que nos clients ont du mal à trouver des techniciens à mettre derrière nos machines. »
S’ajoute à cela le coût du recrutement. « Il est important, assure M. Aujard. Comme il y a une pénurie de main-d’œuvre, nos clients doivent souvent passer par un chasseur de tête, pour aller débaucher du personnel déjà en poste. Et il y a aussi le coût d’une erreur de casting dans le recrutement, qui n’est pas négligeable non plus. »
Il y a aussi derrière ce challenge, la volonté de valoriser le métier de métrologue, trop peu connu. « Pourtant, c’est un métier d’avenir, assure Cyril Aujard. C’est fini le pied à coulisse et la colonne de mesure, le métier a évolué et le niveau d’exigence aussi. »
« Inspirer nos futurs talents de demain et démocratiser la métrologie », voilà deux autres bonnes raisons qui justifient un tel concours.
Quatre thématiques ont été choisies. Réalité augmentée : comment simplifier le travail des contrôleurs dans les usines, tout en lui apportant les outils du futur. Big data et diffusion de l’information : comment traiter, stocker et partager ce flux d’information dans les usines du futur. La future technologie de mesure : quelle nouvelle technologie saura émerger, en répondant à ces exigences de demain. Implémentation de la mesure en atelier : avec l’apparition des machines dédiés, les moyens de mesure restent à part des moyens de fabrication. Comment fusionner ses deux technologies si loin l’une de l’autre et pourtant si dépendantes.

Un lien étroit avec l’université

Ce challenge, c’est aussi, pour Cyril Aujard, un juste retour des choses, par rapport à son passé universitaire. « Aujourd’hui, je suis directeur général de l’ensemble de la division Zeiss Métrologie en France, et j’ai été recruté par Zeiss en 2002, alors que je sortais de l’IUT, tout simplement parce l’établissement avait investi dans un moyen de mesure Zeiss », se souvient celui qui est aussi président de Coffmet.
Lorsque l’IUT de Mantes-la-Jolie ouvre une session de huit étudiants en génie mécanique et productique, Cyril Aujard est de ceux-là. Et il se trouve que l’institut universitaire venait d’acquérir, auprès de Zeiss, une MMT Eclipse. Il s’en souvient encore : « J’ai fini ma soutenance à la fois avec mon tuteur de stage et mon futur patron. » Aussitôt diplômé en 2002, « j’ai été embauché chez Zeiss, et je n’en suis jamais reparti ».
Depuis, proposer aux établissements universitaires et lycées techniques des moyens de mesure à prix coûtant, est une évidence pour le directeur général. « Depuis un an, nous menons des actions majeures auprès de l’éducation, nous sommes d’ailleurs pilote sur ce sujet, au niveau du groupe Zeiss », dit-il, évoquant la création d’une licence métrologie, en collaboration avec Safran, à Evry (Essonne), et d’un module à Toulouse avec l’Aérocampus MFJA (Maison de la formation Jacqueline-Auriol), alors qu’il n’y avait plus « qu’une seule licence métrologie en France à Saint-Denis ».