Une Delage V12 sous mesure et contrôle Zeiss
Une association a lancé le projet de reconstruire une voiture mythique, la « Delage V12 Labourdette », afin qu’elle puisse courir à nouveau sur le circuit de Linas-Montlhéry. L’entreprise Zeiss s’est associée à cet ambitieux projet.
Cette aventure humaine et technique consiste à concevoir et fabriquer à nouveau ce prestigieux véhicule, y compris son moteur V12. Pour mener à bien ce grand projet, l’association « Les Amis de Delage » a noué des partenariats avec l’enseignement et des entreprises privées. Dans ce cadre, Zeiss propose son savoir-faire en mesure-contrôle et met ainsi à disposition ses techniciens et ses machines.
Un peu d’histoire
La Delage V12 est le fruit d’une étroite collaboration entre quatre hommes dont deux sont issus des Arts et Métiers. En 1937, Louis Delage demande à l’ingénieur Albert Lory, ancien élève des Arts et Métiers et concepteur du moteur des voitures de course qui permirent à la marque de devenir champion du monde des constructeurs en 1927, de concevoir le moteur d’une voiture de sport, afin de concourir au Grand Prix de l’ACF de 1937. L’ingénieur conçoit un prototype V12 à 60° doté d’un arbre à cames central et dont chaque banc est coiffé d’une culasse de six cylindres à soupapes en tête verticales alignées. La transmission est assurée par une boite de vitesses « Cotal ». La puissance est comprise dans une fourchette de 150 à 200 ch pour un poids à vide de 1 575 kg. Sa vitesse maximale est estimée à 200 km/h. La première voiture GT était née, capable de rouler la semaine et de courir sur un circuit le week-end. Non achevée en 1936, elle fut exposée au salon de Paris en 1937. Malheureusement accidentée aux essais du Grand Prix de l’ACF en 1937 à Montlhéry, elle est réparée et présentée au Salon de l’auto de la même année, sur le stand du carrossier Labourdette. Ce sont les deux seules apparitions de cette voiture qui fut démantelée ensuite. Ce véhicule n’existe donc plus à ce jour et la reconstruire à l’identique représente un beau challenge.
Des partenaires de tout bord
La Delage V12 Labourdette, c’est une carrosserie unique avec des formes aérodynamiques, un pare-brise Vutotal sans montant, pour une meilleure visibilité sur la route, qui sert aussi de support pour le toit. C’est aussi un moteur de bonne facture et des phares intégrés dans la carrosserie, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Elle a profité pour sa forme des premiers essais en soufflerie, supervisé par Jean Andreau, un précurseur en la matière. Cet ingénieur fit les premières études systématiques sur maquettes de voitures pour la détermination des coefficients de traînée (Cx).
Le projet s’est appuyé sur les carnets de notes d’Albert Lory et sur une maquette de soufflerie. Des membres de l’association « Les Amis de Delage » détiennent un certain nombre d’éléments mécaniques (culasses, châssis, boîte de vitesses électromagnétique Cotal 35 mkg…) qu’ils ont mis à disposition dans le cadre du projet. Celui-ci a l’ambition de valoriser les enseignements d’excellence, qui témoignent du savoir-faire français qui participe à la réalisation du projet, de promouvoir les métiers de conception et de réalisation industrielles et de mettre en valeur l’écosystème de l’industrie automobile française.
Parmi les compétences nécessaires à ce projet, deux entreprises labellisées EPV (Entreprise du patrimoine vivant) proposent leurs services pour réaliser les éléments relevant de leur savoir-faire. Auto Classique Touraine sera en charge de la construction de la carrosserie et Touraine Radiateurs, du refroidissement du moteur. Basf Glasurit et le groupe Bertrandt sont également partenaires. L’ENSAM et l’entreprise Zeiss ont aussi répondu présent pour le projet de reconstruction de ce véhicule mythique. « La collaboration des Arts et Métiers et de l’entreprise Zeiss est cruciale pour la bonne maîtrise du projet », affirme Olivier Masi, chef du projet de l’association. Divers campus (Châlons-en-Champagne, Metz, Bordeaux, Angers, …) participent pour la numérisation, la conception et la fabrication des composants de la voiture. Technologie, innovation, culture industrielle, performance, le projet Delage V12 porte en lui toutes les qualités développées dans les enseignements des Arts et Métiers, comme la poursuite et l’affirmation d’une culture d’école qui se transmet.
Etude de la culasse par tomographie
La pré-étude et l’organisation ont commencé en 2019. En 2020 et 2021, les études et la conception sont en cours. Malgré la pandémie de Covod-19, le calendrier est tenu. « La difficulté est de maintenir un suivi du projet avec les équipes étudiantes qui changent tous les six mois », indique Olivier Masi. Le temps passé par l’enseignement représente environ
7 000 heures aujourd’hui. Pour le moteur, la culasse d’une Delahaye 135 MS a été radiographiée par un tomographe Zeiss Metrotom 1500-G2. Six scans d’une heure ont été nécessaires pour reconstruire entièrement la culasse.
L’idée est de refabriquer le moteur, partie essentielle de la voiture. La tomographie par rayons X, permet de voir l’invisible, de scruter l’intérieur des objets sans avoir à y toucher. En partenariat avec la société Zeiss, cette technique a été utilisée pour reproduire la culasse d’origine. Les images obtenues en trois dimensions permettent de visualiser les formes extérieures et intérieures de cette pièce maîtresse du moteur, et ainsi de rétroconcevoir les modèles CAO. La tomographie a aussi cet avantage d’être sensible à la densité des matériaux. Ainsi, les éléments denses, en acier, comme les guides de culbuteur ou les sièges de soupape peuvent être aisément séparés de la culasse en aluminium, plus léger. La tomographie permet aussi de percer les secrets de fabrication de l’époque comme la présence de sable résiduel, de tiges de soutien et de clous, de porosités dans la matière. Il est à noter que d’autres techniques sont aussi utilisées pour la numérisation. A ce jour ont été numérisés le châssis de Delahaye 135 de 2,90 m, le train avant, le pont arrière, la boite électromagnétique Cotal 35 mkg et les carburateurs Zenith Stromberg Ex 22. Les plans de l’arbre à cames, du vilebrequin, des tiges de soupapes, soupapes et culbuteurs sont en cours d’achèvement ou déjà achevés.
Pourquoi la participation de Zeiss ?
« La métrologie tridimensionnelle est aujourd’hui une composante essentielle de la maîtrise du processus de fabrication des pièces mécaniques complexes, pour l’automobile ou les énergies renouvelables, le médical, l’aéronautique ou le ferroviaire. Zeiss souhaite valoriser le métier de métrologue, passionnant mais encore trop peu connu. L’entreprise prend à cœur sa mission de démocratiser la métrologie pour permettre aux étudiants d’accéder à des métiers d’avenir. La collaboration à cet ambitieux projet ne peut être qu’évidente. Il permet une vulgarisation de notre métier sur un cas concret. Il redonne un sens à notre métier. Quand nous avons proposé à nos techniciens de participer, ils ont tout de suite été très intéressés. Nous mettons notre savoir-faire, nos machines et nos services à disposition pour ce projet. Il va permettre d’utiliser toutes les technologies Zeiss. Il y a aussi dans notre participation, une notion de redonner vie au patrimoine, à ce qui n’existe plus. Notre plus grand plaisir sera de voir rouler, à nouveau, ce véhicule mythique sur l’autodrome de Linas-Montlhéry, en 2023 », explique Cyril Aujard, directeur de la division métrologie chez Zeiss France.
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