La France en retard dans la course à l’automatisation
Malgré des ambitions affichées, l’industrie manufacturière française accuse un retard en matière d’automatisation par rapport à l’Allemagne, les Pays-Bas, et l’Italie, selon une étude réalisée entre avril et mai, qui révèle des écarts marquants, notamment dans l’adoption des technologies telles que l’IoT, le cloud computing et l’analyse de big data.
En matière d’automatisation, la France reste à la traîne, à en croire les résultats d’une étude de OnePoll, menée pour Reichelt Elektronik et dévoilée au cœur de l’été. En effet, seul 37 % de l’industrie tricolore est automatisée contre 43 % pour nos voisins allemands. Si la majorité (58 %) des entreprises françaises espèrent entièrement automatiser leur production d’ici à 5 ans, contre 62 % pour les Allemands, 60 % pour les Néerlandais et 58 % pour les Italiens, 36 % ne voient pas l’intérêt de certaines technologies à l’instar des cobots et de la coopération homme-robot. Surtout, de toutes les technologies explorées, la France n’est leader dans aucune, rapporte l’étude, qui a interrogé, entre avril et mai, 1 250 décideurs technologiques de l’industrie manufacturière de quatre pays d’Europe (Allemagne, France, Bas). « C’est même assez régulièrement une lanterne rouge, en particulier en IoT où seules 32 % des entreprises françaises l’utilise comme technologie d’automatisation (contre 48 % pour les Pays-Bas) », commente l’institut OnePoll. Et de soulever que des écarts étaient particulièrement « saillants » dans le cloud computing – adopté par 30 % des entreprises en France contre 48 % aux Pays-Bas – et l’analyse de big data (32 % en France contre 41 % aux Pays-Bas).
Un retard qui s’expliquerait par « un manque de retour sur investissement très franco-français lors de l’utilisation de solutions d’automatisation », analyse OnePoll. En effet, l’étude montre que seules 38 % des entreprises françaises disent avoir observé une réduction des coûts contre 54 % outre-Rhin. Par ailleurs, seuls 34 % des sondés français ont constaté une amélioration de la qualité contre 47 % pour les Allemands. Toutefois, l’écart se réduit quand il s’agit des temps d’arrêt des machines, puisque ceux-ci auraient diminué autant chez les Français (21 %) que chez les Allemands (22 %).
Le robot pour remplacer les tâches répétitives
Un autre enseignement de cette étude concerne les attentes des industriels concernant la robotisation en matière d’utilisation et d’applications, qui sont très disparates d’un pays à un autre. Ainsi, l’Italie priorise l’usage des robots pour les tâches répétitives et uniformes (61 %) devant la France (44 %), tandis que côté Néerlandais et Allemands, la robotisation est choisie pour soulager des « tâches éprouvantes physiquement », pour 54 % d’entre eux.
Parmi les applications citées, près de la moitié des répondants allemands (47 %) utilisent les robots pour l’assemblage contre moins d’un tiers dans l’Hexagone (30 %). Les Néerlandais privilégient l’emballage à 43 % contre 26 % en France. De l’autre côté des Alpes, c’est d’abord pour des opérations de découpe que les Italiens ont recours à la robotique, pour 43 % des répondants contre 32 % en France.
Automatiser un atelier de production est également motivé pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre qui fragilise l’activité manufacturière, particulièrement dans le secteur de la métallurgie. Dans l’étude OnePoll, une majorité de décideurs français (64 %) voient l’automatisation comme un moyen de réduire les coûts en ressources humaines, mais outre-Rhin, le taux s’élève à 72 %. « Plus d’un quart des entreprises italiennes y trouvent également un intérêt pour réduire le coût des matériaux et des matières premières », note l’agence internationale d’études de marché, soulignant que la France était le pays qui tire le plus son épingle du jeu pour réussir à économiser sur les coûts d’équipement (46 %), administratif (35 %) et logistique (44 %) grâce à l’automatisation.
Un manque d’infrastructure numérique adéquate
A égalité avec leurs confrères italiens (58 %), les Français espèrent automatiser entièrement leur production d’ici à 5 ans, contre 62 % des Allemands et 60 % des Néerlandais. « Plus en détails, l’IA charrie avec elle l’espoir de résoudre la pénurie de travailleurs qualifiés pour presque la moitié des entreprises françaises (47 %) et 60 % des répondants allemands », indiquent les analystes de OnePoll. Les décideurs technologiques interrogés sont unanimes sur l’importance de l’automatisation pour rester compétitifs à l’international : en France, ils sont 62 % à la penser, derrière les Allemands (72 %). Toutefois, des obstacles restent en travers de la route pour robotiser davantage les usines. Les entreprises citant un budget insuffisant et/ou des solutions trop chères chez plus d’un tiers de Néerlandais. « Un diagnostic partagé dans une moindre mesure par la France et l’Italie (30 et 32 %) », commente l’étude. A cela s’ajouter, côté français, un manque d’infrastructure numérique adéquate (20 %), tandis que les Pays-Bas (31 %) et l’Allemagne (32 %) alertent sur la difficulté de prendre les bonnes décisions pour investir.
Parmi les raisons d’investir dans l’automatisation, l’étude montre que la possibilité d’accéder à de nouveaux marchés grâce à des produits et services innovants ou améliorés est majoritairement citée par les entreprises françaises (35 %), italiennes (36 %) et allemandes (39 %), tandis que les participants au sondage en provenance des Pays-Bas voient dans l’automatisation une opportunité pour la durabilité de la production.
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