La première usine de métaux amorphes en Isère
Grâce à une levée de fonds de 34 millions d’euros, la jeune pousse innovante Vulkam va pour produire ses premiers métaux amorphes dès 2025.
C’est une levée de fonds de 34 millions d’euros que vient de réussir Vulkam. De l’argent frais qui lui permettra de construire sa première usine de production de métaux amorphes, dont le lancement opérationnel est prévu en 2025. Située à Versoud, en Isère, le département dont est originaire cette deeptech, l’usine de 3 000 m² sera consacrée à la production de ses nouveaux métaux pour l’industrie, dénommés les Vulkalloys, dont les performances mécaniques sont décrites comme « inédites » et qui visent à « établir une future norme dans la métallurgie et le travail des métaux ». Et ainsi, « venir bousculer le secteur très traditionnel de la métallurgie », glisse Sébastien Gravier, président et fondateur de Vulkam.
Dès 2025, l’unité de production industrielle devrait être opérationnelle, avec comme objectif de produire 2 millions de pièces dès la première année, et de 4 millions dès 2026.
Doubler les effectifs
Alors que Vulkam emploie à Gières, une commune située à l’est de Grenoble, 25 personnes, dont 70 % d’ingénieurs, de docteurs et techniciens, cette jeune pousse prévoit de passer à 50 salariés dans les trois prochaines années, « avec l’ambition de faire naître un acteur engagé dans la réindustrialisation des territoires », souligne la deeptech iséroise.
Les métaux amorphes Vulkalloys (le nom commercial a été déposé) sont des alliages dont l’organisation atomique a été modifiée, ce qui leur confère des propriétés radicalement améliorées, décrit la jeune pousse. Alors que dans un alliage métallique classique, les atomes sont toujours organisés de façon ordonnée, dans les métaux amorphes ou « verres métalliques », ils se présentent de façon aléatoire. « Cette structure désorganisée offre des propriétés inégalées en termes de dureté, de résistance à l’abrasion, comparables à celles des céramiques mais sans être fragile », affirme Vulkam.
Des métaux plus résistants
En effet, les alliages métalliques amorphes se différencient des métaux cristallins par leur résistance deux à trois fois supérieure à celle des métaux classiques, selon Vulkam. Ce dernier ayant développé puis breveté des procédés de production par thermomoulage de haute précision, il vient ainsi réduire drastiquement les quantités de matières premières nécessaires. « Cette technique, proche de l’injection plastique ou de la fonderie sous pression, permet la fabrication directe – sans opération supplémentaire d’usinage et donc de déchets – de pièces atteignant des niveaux de précision de quelques micromètres », explique l’entreprise fondée en 2017. Son fondateur estime ainsi que les économies de matières premières et de CO2 qui en découlent s’élèveraient à respectivement 50 % et 30% au minimum par rapport à l’équivalent classique. Une technologie qui permet de miniaturiser les dispositifs médicaux ou d’augmenter la durée de vie des systèmes mécaniques. Vulkam fournit déjà ses métaux amorphes aux industriels de l’horlogerie, du médical et de l’aérospatial.
Contraintes de fabrication
Magali Joëssel, directrice du fonds SPI géré pour le compte de l’Etat par Bpifrance, est convaincue que cette technologie permettra de briser ce plafond de verre, grâce à ce « procédé innovant » pour produire des pièces aux « caractéristiques remarquables », ouvrant « de nouvelles perspectives au sein de marchés particulièrement exigeants ». Et de rappeler que « la fabrication de pièces métalliques en métaux amorphes aux propriétés exceptionnelles était jusqu’alors limitée par de fortes contraintes de fabrication et ce, malgré une véritable compétition à l’échelle internationale ».
Parmi les 34 millions d’euros, 14 millions ont été levée en « equity », mené par le fonds SPI2, géré pour le compte de l’Etat par Bpifrance dans le cadre de France 2030, de ses investisseurs historiques (Supernova Invest, UI Investissement, BNP Paribas Développement et Crédit agricole Sud Rhône-Alpes Capital), auxquels sont venus s’ajouter le fonds à impact Inco Ventures et le groupe Seb, ainsi que Vertech, une société financière privée. Cette augmentation de capital est complétée par un montant de 20 millions d’euros en dette : 6 millions apportés par l’Etat via des dispositifs France 2030 (dont « Première Usine »), et 14 millions d’emprunts bancaires par Bpifrance.
« Start-up prometteuse »
« Doté d’un véritable savoir-faire dans le domaine de la métallurgie et d’une technologie différenciante, Vulkam est une start-up prometteuse », affirme de son côté Thierry de La Tour d’Artaise, président du groupe Seb. « Vulkam caractérise parfaitement la deeptech à impact de demain, soutient Carole Cazassus, directrice d’investissements d’Inco Ventures. Elle propose des innovations de pointe et remplit le double objectif d’impact de réduire l’empreinte environnementale d’une partie du secteur de la métallurgie, et de renforcer l’ancrage territorial du tissu industriel français. » Nicolas Boulay, directeur d’investissements UI Investissement, applaudit le « très beau parcours » de Vulkam, qui a su « développer des solutions et produits industriels en rupture avec l’existant », en proposant « une valeur industrielle forte tout en ayant un impact environnemental favorable ».
Vulkam se donne cinq ans pour développer de nouvelles compositions de matériaux à destination des segments de marchés comme le transport, les sports et loisirs.
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