Le grand virage du groupe Bontaz
Alors fournisseur de sous-ensembles mécaniques pour les moteurs thermiques, le décolleteur haut-savoyard est en pleine transformation stratégique. Son objectif : mettre son savoir-faire au service de l’e-mobility, du vélo à l’auto, en passant par le poids lourd.
Pour un groupe comme Bontaz, qui emploie 4 000 personnes dans le monde et réalise 200 millions de chiffre d’affaires tiré à 85 % par l’automobile, la transformation de l’industrie automobile vers une propulsion à zéro émission est à la fois un vertigineux challenge et une formidable opportunité. Ce qui a poussé le groupe familial a déployé « une stratégie de diversification », illustrée par une réorganisation de l’entreprise avec la création, début 2023, d’une direction de la stratégie et de quatre business units (BU) : Light Mobility, Automotive (elle réunit une division Battery Electric Vehicle ou BEV et une autre Internal Combustion Engine ou ICE, Truck and Off-Road) et Fuel Cell.
Doubler le chiffre d’affaires
D’ici 2030, le groupe Bontaz vise « un quasi doublement du chiffre d’affaires », passant de 270 à 500 millions d’euros. « Les ambitions sont fortes, la capacité de financement et de production est là, à nous collectivement en interne avec un écosystème de partenaires industriels de transformer, de réussir et pérenniser Bontaz comme un industriel français de référence », affirme son directeur général Daniel Anghelone. Si l’automobile restera le cœur du métier avec une part de 60 % du chiffre d’affaires total à horizon 2030, prévient le groupe industriel, la mobilité légère (light mobility) prendra une part significative dans le développement de l’entreprise avec 25 % des revenus, les activités liés aux véhicules lourds restant globalement stables.
« Cette nécessaire diversification nous est imposée, nous n’avons pas l’intention de la subir »
« Cette nécessaire diversification nous est imposée, nous n’avons pas l’intention de la subir, mais bien de nous l’approprier pour aborder collectivement un nouveau cycle de l’entreprise », affirme, de son côté, Christophe Bontaz, président du groupe éponyme. Pour Daniel Anghelone, l’enjeu technologique majeur que le groupe devra maîtriser est celui de l’électronique et du digital. « Cela est particulièrement le cas dans le vélo à assistance électrique où la gestion du soft doit être optimale, nécessitant de nouvelles compétences en interne », souligne le directeur général, pour qui, assurer la pérennité du groupe amènera à « trouver de nouveaux leviers de croissance en identifiant et en s’ouvrant à de nouveaux marchés, rôle dévolu à notre direction de la stratégie ». Et d’affirmer que le groupe Bontaz était aujourd’hui « au cœur de la transformation, celle de notre business et celle de notre organisation ».
En lançant sa division BEV (Battery Electric Vehicle), l’équipementier haut-savoyard, connu pour être un spécialiste de la gestion des fluides de refroidissement dans l’automobile, élargit donc son expertise aux circuits dits « coolant » et aux flux d’air dans les batteries. Cette division s’emploiera à fournir des dispositifs intervenant sur le refroidissement des moteurs électriques, la gestion des flux d’échanges thermiques entre les différents systèmes du véhicule et les éléments de respiration, et de ventilation des pack batterie.
200 millions d’euros d’investissement
Sur le marché de la mobilité légère avec notamment le vélo électrique, Bontaz veut également compter parmi les fournisseurs stratégiques. D’ailleurs, les premiers freins hydrauliques qu’il a conçus seront commercialisés d’ici la fin de l’année 2023. Un développement qui repose sur « la génétique du groupe qui a fait son succès, pour l’adapter à tous les types de vélo et aux différentes pratiques (ville, VTC, vélo cargo) », fait-on savoir à Marnaz, en Haute-Savoie, le siège social du groupe.
Chez Bontaz, la phase de transformation a démarré dès 2024 et s’étendra jusqu’à 2026, période pendant laquelle est prévue « le démarrage de nouveaux business », comme un nouveau moteur vélo en 2025 et des produits pilotes sur le marché de la pile à combustible. Pour réussir ce virage stratégique, Bontaz va investir plus de 200 millions d’euros d’ici 2023. 70 millions d’euros pour la BEV, 70 millions d’euros pour la business unit Light Mobility et 60 millions d’euros pour la BU Fuel Cell.
Retrouvez l’article complet dans notre prochain hors-série automobile à paraître en octobre.