L’industrie a également ses start-up
Au pays de la « start-up nation », moins connues que les jeunes pousses du digital, on trouve également des start-up dites à vocation industrielle. L’Hexagone en compte plus de 1 600.
Les start-up industrielles ont le vent en poupe. C’est ce qui ressort d’une étude de Bpifrance, réalisée dans le cadre du lancement du plan « Startups et PME industrielles », dont l’objectif est de créer 100 nouveaux sites industriels par an d’ici 2025. Lancé par le gouvernement, ce dispositif est doté de 2,3 milliards d’euros afin de faire émerger « les champions de demain ».
L’étude montre déjà que les projets industriels portés par les start-up françaises se multiplient. « Après la vague du numérique des années 2010, la dynamique actuelle se porte de plus en plus sur les projets deeptech et greentech, qui ont naturellement une forte composante industrielle », peut-on lire dans ce rapport de 50 pages.
Définition d’une start-up à vocation industrielle
Mais qu’est qu’une start-up à vocation industrielle ? Il s’agit d’une entreprise de moins de 10 ans, en forte croissance et levant des fonds, qui développe, lors d’une phase de R&D, des innovations de produits ou de procédés impliquant à terme une production en série de biens matériels. Une fois qu’elle aura investi dans des moyens de production, en France ou à l’étranger, alors elle pourrait être identifiée comme une start-up industrielle.
La banque publique d’investissement dénombrait, fin 2021, plus de 1 600 start-up à vocation industrielle sur le territoire. Un peu plus de 600 d’entre elles ont levé plus d’un million d’euros. Pour Bpifrance, elles représentent « un levier important de création de valeur pour l’ensemble des territoires ». D’autant plus qu’elles participent à « redynamiser le tissu industriel français », mais aussi « créent des emplois directs et indirects, offrent des débouchés à des partenaires industriels, convertissent des sites industriels délaissés ».
Un gros vivier en Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes
Géographiquement, on compte environ deux tiers d’entre elles implantées hors Île-de-France, tandis que les start-up numériques ont une forte concentration en région parisienne. Ainsi, si 33 % de start-up à vocation industrielle se trouvent bien en Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région (19 %) ayant la plus forte concentration de ces jeunes pousses, devant l’Occitanie (10 %).
Selon le document de la banque, filiale à parité de l’Etat et de la Caisse des dépôts et consignations, trois grandes stratégies d’industrialisation s’offrent aux start-up à vocation industrielle à l’issue de leur phase de R&D. L’internalisation, dont l’objectif est d’investir dans un outil de production en propre, pour fabriquer tout ou partie de l’innovation développée. La sous-traitance ou l’externalisation, qui vise à confier la production de l’innovation développée à un ou plusieurs partenaires industriels. Et enfin l’octroi de licence, qui consiste à vendre les droits d’usage de la R&D à des clients qui produiront et commercialiseront l’innovation développée. Et l’étude met en lumière que « presque la moitié » des start-up à vocation industrielle ayant levé plus d’un million d’euros avaient choisi un modèle internalisé.
Il en ressort également que la quasi-totalité des start-up industrielles investissant dans des outils de production en propre le font en France, « au moins pour le démonstrateur et la première usine », précise Bpifrance, qui rapporte qu’au niveau des approvisionnements, elles s’approvisionnaient « là où elles identifient les compétences et les capacités à un tarif compétitif ». Et de préciser que l’approvisionnement en France dépend donc de « la capacité du tissu d’entreprises françaises (la French Fab) à répondre à leurs attentes ».
Autre enseignement : pour celles qui font le choix de sous-traiter, plus de 75 % d’entre elles le font principalement auprès d’acteurs français.
De nombreuses aides financières pour soutenir les start-up industrielles
Plusieurs dispositifs de financement sont opérés par Bpifrance à destination des start-up à vocation industrielle.
Appel à projet première usine. Lancé en janvier, ce dispositif permet de financer (en subventions et avances récupérables) des projets d’implantation sur le territoire de premières usines, démonstrateurs industriels développés dans un but commercial ou d’unités de production mutualisées. Un dispositif réservé aux projets supérieurs à 5 millions d’euros, de 12 à 48 mois. Une enveloppe de 550 millions d’euros a été débloquée sur cinq ans.
Prêt nouvelle industrie. Lancé en mars, ce prêt vise à financer des démonstrateurs industriels ou des usines pilotes, et par exception des usines de production, si le risque techno-industriel est élevé. Il s’agit d’un prêt de 3 à 15 millions d’euros, sans garantie, et d’une durée de 10 à 15 ans, jusqu’à trois ans de différé. Une enveloppe de 200 millions d’euros qui sera ajustée à partir de 2023 selon la vitesse de déploiement du dispositif.
Fonds SPI2. Ce fonds prolonge et élargit le périmètre du SPI. Il vise à investir directement dans la création de nouvelles activités industrielles en France, en accompagnant le passage à l’échelle industrielle et commerciale d’innovations. Les tickets d’entrée vont de 5 à 200 millions d’euros, ou par dérogation, à moins de 5 millions d’euros, dans le cadre de projets de pré-industrialisation (démonstrateur, lignes pilotes). Une enveloppe d’un milliard d’euros a été attribuée à ce nouveau fonds.
Fonds Écotechnologies 2. Ce fonds a été rechargé, cette année, à hauteur de 300 millions d’euros, afin de poursuivre son action de soutien en capital-risque, en particulier aux start-up en phase de R&D ou de pré-industrialisation, dans les domaines des énergies renouvelables, de la chimie verte, de l’économique circulaire, entre autres.
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