En déplacement à Grenoble pour inaugurer le salon Sepem, qui a rassemblé du 22 au 24 novembre, à la fois les sous-traitants, fournisseurs d’équipements industriels et organismes de formation, le ministre délégué chargé de l’Industrie a rencontré des jeunes en formation pour leur adresser un message clair : « L’industrie ça paye, ça permet de voyager, ça permet d’avoir des carrières évolutives et ça dépollue. »
Roland Lescure, ministre chargé de l’Industrie, a véritablement pris son temps, en venant inaugurer, mardi 22 novembre, le salon Sepem Centre Est à Grenoble. « Je suis très heureux d’être ici. C’est extrêmement enthousiasmant. Il y a beaucoup de monde », s’est-il réjoui.
L’ancien député de la première circonscription des Français de l’étranger (Amérique du Nord) n’a pas regardé sa montre, quand il s’arrêtait sur les stands. « J’ai rencontré des exposants qui sont contents d’être là, qui vont voir leurs clients et prospects », a confié le ministre, qui a tenu, à chaque halte chez un exposant, à connaître son savoir-faire, a longuement échangé sur leurs préoccupations. Il était notamment question de la pénurie de main-d’œuvre.
Après avoir parcouru plusieurs allées du parc Alpexpo, Roland Lescure a rencontré, dans l’Espace 68 (en référence aux JO de Grenoble), des apprentis de l’industrie. Les jeunes, cela fait partie des sujets sur lesquels le ministre a dit vouloir s’investir. Il faut « donner envie aux jeunes d’industrie », a-t-il martelé tout au long de cette matinée de visite. Et de rappeler qu’il y avait 70 000 postes ouverts dans l’industrie française, et des « centaines de milliers dans les années à venir ».
« J’ai rencontré des jeunes qui étaient extrêmement motivés »
De ces échanges avec les élèves de l’Ecole de production Elag, du lycée polyvalent Vaucanson, de l’Ecole de la deuxième chance (E2C) et de la plateforme de formation Udimec, le ministre délégué en a dressé le bilan suivant : « J’ai rencontré des jeunes qui étaient extrêmement motivés. Chez certains, ça vient de leurs parents qui étaient dans l’industrie, qui leur ont donné envie, d’autres au contraire, y compris des jeunes filles, ont décidé toutes seules de se mettre dans cette filière. Donc bravo, je souhaite les encourager, les accompagner. C’est aussi en partie pour ça que je suis là. »
En cette Semaine de l’industrie, Roland Lescure a souhaité en profiter pour faire passer son message : « Donner envie d’industrie ». Sauf qu’« une semaine ça ne suffit pas », a-t-il relevé. Alors pour que l’élan ne retombe pas les 51 autres semaines, il a assuré travailler avec Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnelle, « pour accroître la part de l’industrie dans les lycées professionnels », notamment le nombre de jeunes filles. Pour cela, « on va mettre en avant des rôles modèles », a-t-il souligné, avant de rappeler, jeudi 24 novembre, l’opération « Bercy fait son industrie ». « Vous savez que Bercy, c’est le ministère des Finances, ça fait un peu forteresse, imprenable. On va la prendre et on va faire venir des jeunes », a-t-il promis.
« Et avec Pap Ndiaye, le ministre de l’Education nationale, on va les rencontrer avec des industriels, on va leur présenter des objets, des outils, des entreprises. On va faire un TEDx, donc avec des discours inspirants, essentiellement de la part de femmes dans l’industrie, mais aussi de la part d’hommes pour donner envie d’industrie. Et le soir, à Bercy, on fait un concours d’éloquence, qui va se terminer par le procès de l’industrie. Donc pour ou contre l’industrie. J’espère que l’industrie gagnera, mais on verra. On aura l’avocat de la défense, un procureur. Tout ça pour rendre l’industrie un peu plus fun quoi », a expliqué celui qui fut premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), l’un des plus importants fonds de pension d’Amérique du Nord.
Roland Lescure, ministre de l’Industrie, s’entretient avec Benoit Figuet, sur le stand de l’entreprise éponyme spécialisée dans l’usinage, le 22 novembre, à Grenoble.
L’industrie pour dépolluer la France
Et pour briser une image, qui, parfois lui colle un peu trop à la peau, l’industrie n’est pas synonyme de pollution. Et d’affirmer qu’elle était tout le contraire : l’industrie va nous permettre de dépolluer la France. « Aujourd’hui, les émissions de gaz à effet de serre, il y en a 18 % qui sont liées à l’industrie. C’est 18 % du problème, l’industrie, c’est 100 % des solutions. Si on veut dépolluer les transports, il faut des voitures électriques, il faut des batteries, il faut des usines, il faut de la mine. »
Et pour redorer le blason de l’industrie, Roland Lescure a lancé ce message aux jeunes qui en douteraient encore : « Bien évidemment, l’industrie, ça paye, ça paye plutôt bien, à peu près 250 euros par mois de plus que le reste de l’économie. C’est quand même pas mal. » L’industrie, a-t-il insisté, « ce sont des très beaux jobs qui donnent des perspectives, ça permet de voyager, ça permet d’avoir des carrières évolutives. Donc voilà, il faut qu’on fasse connaître davantage l’industrie qui a parfois encore un peu une image, je dirais d’Épinal. » Même s’il est vrai que « travailler dans une forge, ce n’est pas toujours facile, mais c’est de moins en moins pénible. De plus en plus, il y a de l’ergonomie, des cobots, de la logistique qui est fait de manière automatique ». D’ailleurs, en parcourant les stands du parc des expositions grenoblois, le ministre de l’Industrie a pu découvrir « des robots qui permettent d’alléger les tâches industrielles, donc c’est de moins en moins pénible ».
« Chaque emploi industriel, c’est trois emplois dans la région »
Enfin, il a relevé qu’il s’agissait d’une exposition professionnelle qui reflète le savoir-faire territorial. « C’est un salon régional, ça c’est très important, parce que l’industrie, ça se fait souvent au niveau régional, ça fait vivre une région, ça fait vivre des écoles, ça fait vivre des commerces. Chaque emploi industriel, c’est trois emplois dans la région, donc on est très contents de pouvoir aussi contribuer à ces salons qui sont plus régionaux. »
De son côté, Sébastien Gillet, directeur de la division salons professionnels de GL Events Exhibitions, organisateur des Sepem, dont la direction est assurée par Julie Voyer, s’est félicité de recevoir enfin une telle personnalité. « Pour une première fois sur les Sepem [sept salons sont organisés sur deux ans partout en France], jamais un ministre a fait le déplacement, jamais un ministre a eu autant d’importance sur un salon comme celui-ci, parce qu’il est resté quand même plus de deux heures. Donc je crois que c’est une vraie reconnaissance pour les industriels, pas qu’à Grenoble d’ailleurs. On sait qu’il y a des gros enjeux demain, et qui plus est, à Grenoble, c’est aussi une terre industrielle. Donc c’est une vraie reconnaissance d’avoir le ministre pour une première fois chez nous. »