Interview croisée :
Anne Falga | AER Bourgogne Franche-Comté
Mathilde Passarin | Luxe and Tech
Pour ce premier Live, de Machines Production, en direct du salon Micronora, qui se tenait du 27 au 30 septembre, à Besançon (Doubs), nous avons accueilli sur le plateau de Machines Production TV :
- Anne Falga, cheffe de projet luxe et savoir-faire d’exception à l’Agence économique régionale de Bourgogne Franche-Comté, et
- Mathilde Passarin, directrice du groupement d’entreprises Luxe and Tech.
L’activité industrielle de la région est associée, historiquement, à l’horlogerie, donc au secteur du luxe. Une filière, où travaillent quelque 15 000 personnes, pour au moins 460 entreprises, dont la plupart sont des sous-traitants, particulièrement discrets avec les marques pour lesquelles ils travaillent.
« Nous avons néanmoins sur le territoire quelques grands noms du luxe qui sont directement implantés. Je pense à l’horlogerie suisse pour leurs centres de SAV, expliquait Anne Falga, au micro de Machines Production, mardi 27 septembre, premier jour du salon international des microtechniques et de la précision. Et de citer aussi la marque de luxe de maroquinerie Hermès, qui possède trois manufactures sur le territoire.
Selon l’Agence économique régionale, les métiers de l’usinage et du traitement de surface sont les plus dominants en BFC (abrégé de Bourgogne-Franche-Comté).
Du prototypage au packaging
Le savoir-faire issu de la mécanique de précision a poussé le tissu industriel à se développer sur le « hard luxury », soit l’objet de luxe. Et chez Luxe & Tech, les entreprises membres de cette grappe unique représente aussi bien l’amont de la filière, la conception de machines spéciales, l’étude et le prototypage, que l’usinage des métaux, qu’ils soient précieux ou non, en passant par une étape stratégique dans le process de production pour le secteur du luxe, celle regroupant l’ensemble des métiers de la « terminaison » de la pièce : finition, polissage, galvanoplastie, gravure, laquage, etc. « Et puis beaucoup de métiers et de services gravitent autour et viennent compléter la filière du luxe », souligne Mathilde Passarin.
Tous ces métiers ont un point commun, selon nos deux invitées de ce Live, spécial Micronora, « c’est la capacité à donner de la valeur ajoutée sur une pièce. Soit en la fabricant, soit en la décorant. Et l’idée, c’est de fabriquer de la qualité perçue, que ce soit du cuir, de la corne, des métaux précieux », explique Mme Falga. La directrice de Luxe & Tech ajoute même la présence d’entreprises travaillant le plastique, jusqu’à l’emballage, tel que des coffrets pour « ces objets prestigieux ».
De nouveaux métiers émergent
Comme partout dans l’industrie, les entreprises souffrent d’un manque de main-d’œuvre, même si les jeunes semblent davantage attirés par cette filière, souffle-t-on au sein de l’agence économique régionale. « Les métiers sont très nombreux », affirme Anne Falga, citant celui de régleur CNC, polisseur, metteur au bain (traitement de surface), allant du CAP au diplôme d’ingénieur.
Mais de nouveaux métiers sont en train d’immerger dans la filière du luxe. Mathilde Passarin constate que les entreprises recherchent également des compétences liées à l’industrie 4.0, la cobotique et l’automatisation. « Il y a des tâches qui autrefois étaient manuelles et qui sont peut-être sans grande valeur ajoutée. Certaines opérations de polissage peuvent être automatisées », rapporte Mme Passarin.
Il faut souligner que le territoire Bourgogne Franche-Comté abrite de grands centres de formation dédiés au luxe : la maroquinerie à Montbéliard, le lycée Edgar-Faure de Morteau, qui forme des bijoutiers et horlogers, Victor-Bérard à Morez prépare au métier de lunetier, sans oublier Besançon, où l’on forme les futurs usineurs en mécanique de précision.