Comment avez-vous formé votre personnel à l’utilisation du tomographe ?
I. P. Chez Lindal, cela s’est fait en trois étapes. La première, dans les locaux de Zeiss à Neuville-sur-Oise pour l’utilisation du tomographe. Il y a eu une deuxième formation d’une semaine qui a été réalisée sur les logiciels d’analyse, à Oberkochen, en Allemagne, au siège de Zeiss. Et dans un troisième temps, après quelques semaines d’utilisation, nous avons suivi une deuxième session sur le tomographe, en formation approfondie sur nos applications et des utilisations plus spécifiques à nos pièces.
M. El M. Comme nous sommes davantage un partenaire académique, avec un rôle de formation aussi, nous avons été bien accompagnés par Zeiss. D’ailleurs, nous avons commencé la formation chez Zeiss avant même de recevoir la machine. Une autre formation a été suivie dans le cadre de la réception technique du tomographe.
L’usage d’un appareil à rayons X peut susciter quelques inquiétudes. L’opérateur peut-il rester à proximité d’un tomographe en fonctionnement ?
T. B. Tous nos tomographes possèdent une cabine en plomb qui stoppe les rayons X. L’utilisateur est considéré comme un travailleur non exposé et donc il peut circuler en toute liberté autour du tomographe. Au regard de la loi, il y a plusieurs obligations à respecter. Il y en a quatre au total. La première, c’est avoir l’autorisation auprès de l’ASNR, donc l’Autorité de sûreté nucléaire et radioprotection, qui autorise la possession d’un tel appareil. Il faut avoir un certificat propre à l’appareil, selon la norme NF C74-100. Aussi, il faut avoir le rapport technique initial, en lien avec la norme NF C1560. Et enfin, il faut réaliser un contrôle régulier périodique, tous les ans, pour vérifier qu’au niveau radioprotection, il n’y ait pas de fuites de rayons X.
I. P. Chez Lindal, on a quand même fait le choix de restreindre l’accès à la salle de tomographie, même si, comme l’a dit Thomas, la zone de surveillance est uniquement à l’intérieur de la machine. On a mis de la dosimétrie d’ambiance afin de s’assurer qu’il n’y ait aucune fuite de rayonnement. Aussi, nous avons demandé à Zeiss, lors de chaque maintenance, tous les quatre mois, de faire une vérification sur les fuites de rayonnement. Ce sont des procédures qui ont été mises en place dans le but de rassurer tout le monde.
Que peut-on dire en matière de consommation d’énergie et de temps de cycle d’un tomographe par rapport à une machine à mesurer tridimensionnelle ?
T. B. La consommation d’énergie d’une telle machine est autour des 3 kW, répartis de la manière suivante : 1,5 kW pour le tomographe et 1,5 kW pour le PC qui pilote la machine. Donc il n’y a pas une consommation si importante que ça. Quant aux temps de cycle, ils peuvent être très variables suivant la pièce et la résolution qu’on veut scanner. Donc ça peut être des temps de cycle de plusieurs heures si on veut de la haute résolution à quelques secondes si on veut dégrossir rapidement.
M. El M. Les temps de cycle de production, cela va dépendre en fait de l’application et de la taille des pièces réalisables. Par exemple, quand on est sur des applications structurales, la taille de la pièce réalisable peut aller jusqu’à 2 m de longueur. La limitation vient de la capacité de la machine à résister à la pression appliquée sur la surface projetée de l’empreinte. Le métal liquide est cependant propulsé dans l’empreinte du moule sous forme pulvérisée, d’où la genèse des défauts de porosités. Dans la plateforme fonderie sous pression du MSMP-EA7354 à Châlons-en-Champagne, on a le tomographe Zeiss afin de contrôler ce taux de porosité et d’autres défauts éventuels. Pour réduire voire supprimer le taux de porosité, on augmente la pression d’injection. Ce qu’utilise effectivement Tesla pour injecter des grandes pièces structurales et éviter effectivement ces porosités qui vont réduire les propriétés mécaniques.
Quels supports faut-il utiliser dans son tomographe ?
T. B. Le but d’un bon posage, c’est qu’il absorbe le moins possible de rayons X pour que l’image reconstruite sur l’ordinateur soit celle de la pièce uniquement et pas de la pièce avec son usage. Et typiquement, on utilise des mousses soit en polystyrène, soit en polyuréthane, ou alors un posage en plastique. Mais il faut que le posage soit plus léger que la pièce qu’on souhaite analyser.
I. P. Nous utilisons comme support de la mousse polyuréthane que nous réalisons nous-mêmes. Sinon, on a travaillé avec Zeiss pour développer des montages plus spécifiques, plus robustes, en mousse polyuréthane aussi, pouvant être usiné, de manière à pouvoir empiler un maximum de pièces.
Reportage
Notre reportage nous amène à Sablé-sur-Sarthe, dans l’un des cinq laboratoires de métrologie du groupe Zeiss. Il s’agit du centre historique des prestations de métrologie sur pièces industrielles. Pour ses 20 ans d’existence, le site a fait peau neuve avec une surface totale de 700 mètres carrés équipés des dernières technologies Zeiss.
T. B. Nous offrons à nos clients la possibilité de faire des démonstrations directement sur leurs pièces et également de les former soit en métrologie 3D via des formations Coffmet, soit sur nos propres logiciels de mesure. Le centre dispose d’un bureau d’études permettant de réaliser du dessin, jusqu’à la fabrication, mais aussi des solutions de posage et des gabarits de contrôle en bord de ligne.
Si le laboratoire sarthois propose des prestations sur des machines à mesurer tridimensionnelles, sur des scanners optiques, il est aussi spécialisé dans la tomographie à rayons X. Pour réaliser une prestation par tomographie, les industriels ou les chercheurs doivent contacter le centre afin d’échanger sur leurs problématiques. T. B. Suite à l’analyse du besoin, ils nous envoient leurs pièces à inspecter ou se déplacent pour que nous fassions ensemble leurs mesures. Une fois les scans terminés, le client reçoit ses données sous forme de rapports de métrologie, de fichiers 3D ou de vidéo. Nous terminons par une phase de discussion pour s’assurer de la pertinence et de la bonne compréhension des résultats.