Nous recevons trois invités :
Franck Duc, expert en lean management, fondateur de Kommon Sense et co-auteur de « Pro en lean », aux éditions Vuibert
Didier Dumont, expert en lean management et fondateur de BEM Consulting
Maxime Thonnérieux, directeur de la Business Unit Produits chez ACI Groupe
Sur notre plateau, ils évoquent :
- La signification du terme « lean »
- Les raisons qui poussent les entreprises à entreprendre une démarche lean
- Comment déployer le lean dans son entreprise
- La pertinence de ce système d’organisation industrielle dans un contexte de crise
Expert en lean management et Six Sigma (méthode d’amélioration des processus), Didier Dumont définit le lean comme « une méthode qui permet de faire de l’amélioration continue et d’accroître la performance de l’entreprise à court et moyen terme », avec pour objectif de « garder la satisfaction client au cœur de l’activité », explique-t-il sur le plateau de MP L’Emission.
Son confrère Franck Duc le voit comme un « modèle de management qui accompagne et développe la résolution de problèmes au quotidien à tous les niveaux de l’entreprise, de l’opérateur au dirigeant ». Pour ce dernier, « faire une démarche lean dans certains secteurs, c’est innover, se différencier et donc avoir la possibilité, de manière assez proactive, de répondre à une stratégie d’entreprise ».
« Organisation en intelligence collective »
Sur la définition du lean, Didier Dumont, fondateur de BEM Consulting, souligne qu’il s’agit d’une « organisation en intelligence collective », basée sur « des process transversaux où tout le monde est acteur de la transformation », et pas seulement les ingénieurs en amélioration qualité et les dirigeants.
Directeur d’une « business unit » au sein du groupe industriel ACI, spécialisé dans la fabrication de pièces et sous-ensembles mécaniques, Maxime Thonnérieux reconnaît que ce n’est pas les clients qui imposent à leurs fournisseurs d’être « lean ». Mais lorsque les « situations où les cycles marché sont extrêmement courts par rapport à ce que nous vivions avant, nous avons besoin d’être beaucoup plus agiles. En fait, au quotidien, nous remettons en question des choses que nous avions établies par le passé. Donc, d’une certaine manière, nous sommes obligés de travailler sur un modèle de fonctionnement qui est relativement agile ». En effet, l’agilité est l’une des composantes du lean.
« Le lean, c’est un marathon »
Mais pour se lancer dans une telle démarche, Didier Dumont reconnaît qu’il s’agit en premier lieu d’une volonté de la direction.
« Parce que le lean c’est un marathon, ce n’est pas un sprint. Donc, il faut être capable d’intégrer que ça va demander de l’énergie. C’est un changement culturel. Il faut être capable de supporter ça. »
Pour Franck Duc, fondateur de Kommon Sense et consultant en lean, le dirigeant doit être le premier à s’impliquer dans une telle démarche, afin d’impulser ensuite une dynamique à l’ensemble des collaborateurs. Il doit lui-même « accepter d’être en situation de changement et d’un certain lâcher-prise dans un pouvoir qu’il doit redistribuer à l’ensemble de son personnel ».
Sur le plateau de MP L’Emission, Maxime Thonnérieux relate le cas de l’entreprise Rabourdin, une entreprise spécialisée dans la production de pièces pour l’injection plastique, la découpe-emboutissage et la visserie de haute précision. Une démarche lean a été mise en place dans cette entreprise familiale vieille de 95 ans, faisant partie du groupe ACI. « Il y a une culture d’entreprise qu’on ne peut pas ne pas prendre en compte quand on va déployer effectivement la démarche, raconte-t-il. Le choix qui a été fait, c’était de le faire au niveau du Codir [comité de direction], donc d’avoir une responsabilisation de l’ensemble du Codir, parce que nous voulions aussi créer, entre guillemets, une responsabilité collective », explique notre invité, qui s’est appuyé sur l’expertise de Didier Dumont.