Une prime pour faire baisser sa facture électrique
Si les entreprises industrielles les plus énergivores ont eu droit à des aides de l’Etat, dans ce contexte de crise énergétique sans précédent, quand est-il des PME et TPE, qui restent, malgré tout, impactées ? Pour les entreprises de taille intermédiaire, comme pour les PME, l’Etat devrait prendre en charge une partie de la facture électrique, avance Antoine Beauvois, qui évoque une prime d’un montant entre 15 et 70 euros le mégawattheure, « mais à partir d’un certain seuil dépassé ».
Notre expert au sein du comité stratégique de filière NSE parle également d’aides, notamment régionales, à la décarbonation, quand il s’agit, pour une entreprise, d’investir dans des énergies bas carbone alternatives.
En matière de financement, Viet-Long Duong rappelle l’existence du dispositif « Decarb-Flash » qui permet d’accompagner les industriels, en mettant en place « des systèmes de mesurage » ou qui souhaitent investir dans le but de réduire leurs factures énergétiques. Des projets d’isolation des bâtiments industriels peuvent aussi bénéficier d’aides. M. Duong évoque également les prêts verts de la banque publique d’investissement Bpifrance et la prime CEE (certificat d’économie d’énergie), que les entreprises de mécanique peuvent demander, notamment pour « tout ce qui est compresseurs à vitesses variables, moteurs IE4, éclairages LED, systèmes de mesurage, destratificateurs d’air », énumère notre expert du Cetim.
Réduire son empreinte carbone avec ses outillages
Chez le japonais Tungaloy, la neutralité carbone repose sur trois piliers : offrir des produits qui réduisent les déchets générés par les opérations d’usinage, mais aussi la consommation électrique des machines et la réduction des émissions de CO2 de ses usines de fabrication d’outils coupants. « Nous vendons du consommable, donc à nous de limiter cette consommation, explique William Mayance. Notre objectif, c’est que nos clients consomment de moins en moins de produits, ce qui paraît paradoxal. » Cela se passe dès la conception des outils. « En développant nos produits, nous jouons sur différents aspects, comme la réduction de la taille de l’outillage : à performances égales, on peut travailler avec des plaquettes en carbure de tungstène qui sont plus petites. » Et d’annoncer jusqu’à 40 % de réduction des déchets. Il est également question de « maximiser les arêtes de coupe ». Et, « à volume égal, on peut multiplier par deux, voire par trois, les arêtes de coupe d’une plaquette, donc on diminue d’autant les déchets après utilisation », souligne le directeur général de Tungaloy France.
Au lieu d’utiliser des outils monobloc, l’autre piste est l’utilisation de corps d’outils à tête interchangeable ou à plaquette. « Et là, ce sont plus de 80 % des déchets qui vont être réduits », affirme M. Mayance.
Tungaloy vise la neutralité carbone
Au Japon, les cinq sites de production sont tous certifiés Iso 14001. Le fabricant s’est engagé d’atteindre la neutralité carbone en 2050, et promet de « réduire de 46 % ses émissions de CO2 en 2030 par rapport à une année de référence qui est celle de 2013 », indique William Mayance. L’utilisation de l’énergie renouvelable est l’un des moyens employés pour y arriver. Le site de Nagoya ne fonctionne qu’avec des énergies renouvelables. Les toits de l’usine principale d’Iwaki sont recouverts de panneaux électriques. « Cela permet de réduire de 82 tonnes par an nos émissions de CO2, assure M. Mayance. C’est 170 mégawattheures produits par an en électricité. »
Dans le cadre de ses pratiques durables, la firme japonaise a travaillé sur l’emballage de ses outils, en « éliminant les matériaux non recyclables par du recyclable ». Jusqu’au service marketing, dont « les brochures sont maintenant imprimées sur du papier fabriqué à partir de tiges de bananier recyclées », signale notre expert en outils coupants.
Pour Viet-Long Duong, du Cetim, les industriels se positionnent davantage sur les énergies renouvelables, « soit pour pouvoir afficher un verdissement de leur approvisionnement en énergie, soit pour davantage sécuriser son approvisionnement en énergie par la production interne à l’entreprise, ou locale, voire territoriale, de manière à sécuriser à la fois l’approvisionnement en énergie renouvelable et le tarif d’achat de cette énergie-là ».
Panneaux solaires et pompes à chaleur
La production d’énergies renouvelables sur site peut se matérialiser par l’utilisation de pompes à chaleur, ce qui va permettre de « réduire d’un facteur trois la consommation d’énergie par rapport à une chaudière gaz, et donc à décarboner cette énergie-là », explique M. Duong, sur le plateau de MPLE. Lequel a également pu constater, lors de ses missions de conseil, une volonté des chefs d’entreprise d’installer des panneaux photovoltaïques, tout en se demandant si cette installation permettra de « couvrir au moins en partie leur consommation d’énergie ».
« Il faut réfléchir à la manière dont on achète l’énergie », enchaîne Antoine Beauvois, des Nouveaux systèmes énergétiques. Et d’évoquer la possibilité de faire appel aux collectivités territoriales, en mutualisant cette ressource énergétique provenant de panneaux photovoltaïques, type fermes solaires. » Des idées et des solutions qui peuvent se faire jour lors des ateliers « IDécarbone », pilotés par les Nouveaux systèmes énergétiques, qui vont s’organiser partout sur le territoire. Le but étant de faciliter les mises en relations entre équipementiers, intégrateurs, conseillers en décarbonation avec les entreprises cherchant à réduire leur empreinte carbone. « Avec les ateliers IDécarbone, on regarde les spécificités de la région, on regarde les spécificités des filières industrielles et à partir de là, on vient avec les bons acteurs de la décarbonation française », résume Antoine Beauvois.