Les start-up industrielles face à des enjeux financiers critiques
La première édition du baromètre 2024 de Start Industrie révèle les difficultés croissantes de ces jeunes pousses tricolores à se financer. Entre recherche accrue de fonds et appel à des soutiens publics renforcés, elles affrontent un contexte de plus en plus contraignant.
Organisation professionnelle représentative des start-up et scale-up industrielles (soit une start-up ayant réussi à croître), Start Industrie a dévoilé, début novembre, les résultats de la première édition de son baromètre 2024. Un échantillon de 105 entreprises industrielles ont répondu à l’enquête réalisée du 25 septembre au 14 octobre.
Il en ressort un premier constat, celui d’un contexte politique instable qui inquiète les entrepreneurs interrogés, dont 45 % se disent pessimistes vis-à-vis de la politique industrielle française. « Dans le contexte économique et politique actuel, le risque de casse pour les start-up industrielles et leurs emplois est réel », a averti Paul Midy, député de Paris-Saclay (Essonne), présent lors de la présentation du baromètre, dans les locaux de REV Mobilities à Paris (15ᵉ). Toutefois, le baromètre montre que 69 % des start-upeurs se disent confiants pour l’avenir de leur entreprise dans les douze prochains mois.
A la recherche de nouveaux capitaux
Cela dit, une majorité de ces jeunes pousses doit s’efforcer de financer de nouveau leur activité. En effet, 72 % étaient en recherche de nouveaux fonds au cours de l’année écoulée, tout comme elles tenteront d’en lever de nouveaux en 2025. « Un niveau élevé qui montre la priorité donnée à la recherche de nouveaux capitaux », commente Start Industrie, que préside Antoine Hubert, par ailleurs cofondateur de Ÿnsect.
L’enquête révèle que plus d’une start-up sur deux disposent de moins de six mois de trésorerie. Et plus de 60 % estiment avoir de grandes difficultés à lever des fonds. Surtout que 85 % d’entre elles estiment que leurs conditions de financement se sont détériorées au cours des derniers mois. « Dans tous les secteurs d’activité, nous voyons les entreprises rencontrer de grandes difficultés à se financer, pointe-t-on au sein de l’organisation qui se veut être l’interlocuteur de référence auprès des pouvoirs publics et des parties prenantes privées. Les investisseurs, en recherche de retours sur investissement très rapides, semblent se détourner de l’industrie qui nécessite des temps plus longs. Et en parallèle, les entrepreneurs s’interrogent sur la pérennité du soutien de la puissance publique dans un contexte de restrictions budgétaires et d’instabilité politique. »
Business angel
D’autant plus qu’une majorité de jeunes pousses tricolores a bénéficié de soutiens publics. 66 % ont décroché des subventions publiques et 53 % des aides remboursables, montre le baromètre. Et pour 40 % des start-upeurs, un prêt bancaire a été accordé. Du côté des investisseurs privés (business angel ou capital-risque), l’enquête montre que seulement 27 % de ces entreprises de la tech ont pu en bénéficier. Un manque d’envie se lit aussi chez les industriels matures, puisque les fonds apportés restent minoritaires avec seulement une start-up sur dix concernées (12 %).
« Il faut accélérer et pas décélérer, prône le député Midy, membre de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. Pour soutenir la croissance de cet écosystème et l’aider à traverser les difficultés conjoncturelles, nous devons absolument sanctuariser les dispositifs essentiels qui ont fait leurs preuves comme le JEI, le CII et le CIR. Nous devons également continuer de renforcer ces dispositifs comme nous l’avons fait ces sept dernières années. Faisons le CIR à la source, ouvrons l’IR-JEI Midy aux fonds d’investissement, élargissons la durée du dispositif JEI à 12 ans pour les start-up industrielles de deep tech (JEIR). »
Solidarité entre start-up
Interrogés sur les leviers d’amélioration pour l’accès aux financements, ces néo-entrepreneurs appellent unanimement à la poursuite des politiques en faveur de l’industrie. Ils citent trois leviers majeurs : l’implication directe de la puissance publique par le renforcement des fonds publics (69 %), le soutien aux investisseurs privés par la mise en place d’allègements et de simplifications fiscaux pour l’investissement dans l’industrie (62 %) et une plus grande solidarité entre start-up par une mutualisation des ressources (27 %).
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