Industrie en Auvergne-Rhône-Alpes : entre reprise et incertitudes
Alors que le salon Sepem Centre Est s’ouvre à Grenoble, l’état de l’industrie régionale reflète une conjoncture en demi-teinte. Si la métallurgie connaît une reprise, le secteur automobile peine à maintenir le cap, tandis que l’aéronautique et le nucléaire montrent des signes encourageants. Un panorama contrasté qui questionne sur les mois à venir.
Alors que le Sepem Centre Est ouvre ses portes du 19 au 21 novembre au parc Alpexpo de Grenoble (Isère), comment va l’industrie en Auvergne-Rhône-Alpes ? En consultant les enquêtes mensuelles de septembre et octobre (la dernière en date au moment où nous écrivons ces lignes) de la Banque de France, on observe que la rentrée affiche « une hausse sensible » de la production pour la branche « métallurgie et fabrication de produits métalliques », en septembre, mais qui s’est stabilisée sur octobre. Une activité soutenue par un accroissement des commandes, plus particulièrement sur le marché intérieur et dans l’aéronautique. Sur octobre, le recours ponctuel au chômage partiel a touché un plus grand nombre d’entreprises qu’en septembre. Toutefois, la visibilité se réduit car les carnets de commandes sont jugés « un peu justes ».
Pour le secteur du décolletage, de l’usinage et du traitement des métaux, les entrées d’ordres issues de la filière automobile se dégradent, alors que la branche aéronautique reste porteuse, observe l’institution bancaire, sous la plume de Sandrine Lorand Nguyen, responsable du pôle études pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Un contexte d’attentisme en provenance des donneurs d’ordres qui pèse sur les carnets de commandes « déjà insuffisants ». Ce qui n’augure rien de bon pour les prochains mois.
Automobile : la production s’est contractée
Justement, les économistes restent vigilants sur l’activité de l’industrie automobile dans la région. Car la production s’est contractée, en raison d’une demande insuffisante, notamment pour les véhicules électriques. Avec pour conséquence d’amener les entreprises à ajuster leur nombre d’intérimaires ou le temps de travail de leurs salariés.
Pour la branche « fabrication de machines et équipements », un léger regain de la demande est observé, qui s’est confirmé en octobre. La demande, tant étrangère que domestique, a continué de croître et la production s’est renforcée. Les cadences des livraisons se sont accélérées. Si le rythme des livraisons a continué de se renforcer, le niveau des stocks demeure au-dessus de la normale, commente la Banque de France. Ce qui fait mal à l’emploi, puisque les effectifs ont été réduits au vu des carnets de commandes qui se sont resserrés. Toutefois, les perspectives font état d’une « stabilisation de l’activité », croit savoir l’institution bancaire.
Pour la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le climat économique est difficile, qui se base sur la dernière, réalisée en juillet, qui fait état d’un manque de confiance des TPE et PME. Des chefs d’entreprises qui « redoutent l’instabilité propre à la période politique que nous vivons », écrit Philippe Guérand, président de la CCI, dans son édito publié dans le bulletin de conjoncture de septembre.
Croissance des carnets de commande dans l’aéronautique
Le secteur aéronautique semble à l’abri de l’orage. Le délégué d’Aerospace Cluster Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Antras, observe une forte demande sur le front de l’emploi. « Avec un trafic en croissance et revenu au-dessus du niveau 2019, des carnets de commandes pleins tant dans le civil que dans le militaire, la supply chain aéronautique et spatiale se retrouve face au défi du ramp up. Il se traduit par des besoins en recrutement importants, plus de 3 000 prévus en Auvergne-Rhône-Alpes en 2024. »
La présidente de Polyvia, qui représente la filière plasturgie et composites, Bénédicte Durand pronostique, dans un document de la CCI consacré aux perspectives annuelles, et publié en avril, un millésime en demi-teinte. « Près de la moitié des entreprises du secteur prédit une stabilisation de leur activité en 2024, alors qu’un tiers se prépare à la voir reculer. Les marchés de l’énergie, du médical, du ferroviaire et de la défense suscitent toutefois des projections plus optimistes. » Alors que leurs marges stagnent, voire baisses pour certains, 36 % des transformateurs de matières plastiques disent vouloir diversifier leur activité.
Atmosphère morose
Président du pôle de compétitive de la mécanique Cimes, Jacques Le Doucen relève que l’atmosphère est morose au sein de la filière. Toutefois, des « différences de dynamique » sont observées entre certains secteurs comme l’automobile, en pleine incertitude, et d’autres plus porteurs comme le nucléaire et la défense.
A l’antenne régionale de la Fédération des industries mécaniques (FIM), on observe une certaine forme de disparité sur les marchés. « Les difficultés du bâtiment, de la chimie et de l’agroéquipement devraient freiner la hausse du chiffre d’affaires de la mécanique », projette Florent Monier, son président. Bien que les perspectives soient favorables pour l’aéronautique, les équipements électriques, électroniques, informatiques, la pharmacie et, dans une moindre mesure, l’automobile, les facturations ne devraient augmenter que faiblement (entre 0 + et + 2 % selon les professions). Quant à la production en volume, elle devrait évoluer sur un palier pour cette année 2024.
Enfin, du côté des emplois, les conditions sont moins orageuses. Pour Bruno Voland, président de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) pour la région, si les prévisions indiquent un ralentissement de la croissance du chiffre d’affaires (+ 0,9 %), les embauches devraient encore progresser cette année (+ 1,5 %), « reflétant la confiance des entreprises dans leur potentiel de développement », écrit-il dans le bulletin de conjoncture de la CCI.
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