[Edito] Développer sa marque employeur pour recruter
Problème récurrent dans l’industrie de la mécanique, la difficulté à recruter s’est ajoutée à celle de voir ses collaborateurs, notamment des cadres, « de plus en plus volatiles ». C’est ce qu’il est ressorti d’une table ronde organisée durant le salon Global Industrie, en mai dernier à Paris, et animée par Maxime Alves, du cabinet de conseil Robert Walters, spécialisé dans le recrutement. En effet, selon leur dernière étude de rémunération, deux cadres sur trois envisagent de changer d’emploi. De quoi amplifier la crainte des entreprises quant à la pénurie de talents.
Mais un autre point est à redouter dans ce marché du travail extrêmement tendu : les chefs d’entreprise sont prêts à chasser les compétences chez leurs concurrents, voire même dans d’autres industries. Un cercle vicieux est alors en train de se mettre en place. Comme « ces candidats sont presque impossibles à trouver sur le marché, il faut donc les chasser, entretenant un cycle qui maintient la tension du marché », prévient Maxime Alves. A cela s’ajoute que « les entreprises se limitent à une vision à court terme, et cherchent des compétences trop spécifiques au lieu de s’ouvrir à d’autres types de profils ».
Pénurie d’élèves dans les écoles d’ingénieurs
Plus en amont, ce sont les écoles d’ingénieurs qui peinent à accueillir plus d’élèves, un vivier pourtant indispensable pour répondre aux besoins de recrutement à venir. Marc Rumeau, président de l’IESF (société des ingénieurs et scientifiques de France), affirme qu’elles dénombrent de moins en moins de candidats lors des concours d’entrée. « Les classes ne sont plus aussi complètes qu’auparavant. » Pour lui, les écoles auraient « manqué le virage technologique qui s’est accéléré ces dernières années, et les professeurs ne sont pas suffisamment formés à ces nouvelles technologies pour les enseigner à leur tour ».
Le déficit de compétences n’est pas sans lien avec l’image véhiculée par les parents (qui jouent un rôle clé dans les choix d’études de leurs enfants) d’une activité où les conditions de travail sont plus difficiles qu’ailleurs. « Pour pallier ces problèmes, la marque employeur est indispensable pour une entreprise souhaitant recruter de nouveaux talents, conseille Maxime Alves. Elle doit chercher à se démarquer de ses concurrents et se montrer innovante. » En effet, les valeurs de l’entreprise devront être plus que jamais mises en avant pour attirer des candidats extrêmement sollicités. « Il est important pour l’entreprise de se vendre et d’insister sur les perspectives d’évolution et de développement », insiste M. Alves. Au-delà des chasseurs de têtes, c’est auprès de prestataires spécialisés dans la marque employeur, que devront désormais se tourner les entreprises, si elles veulent réussir à embaucher.