Machines-outils en France : une stabilité prometteuse ?
Le marché des machines-outils a connu une année 2023 marquée par la stabilité et une légère croissance, c’est ce que semble indiquer l'étude annuelle réalisée par Evolis.
Après plusieurs années perturbées par des crises sanitaires, logistiques et géopolitiques, l’industrie de la machine-outil montre des signes de reprise, bien que des défis subsistent. Les chiffres clés et les tendances relevés dans l’étude économique Evolis soulignent à la fois des points positifs et des défis à relever pour l’avenir. L’année 2023 s’est inscrite sous le signe d’un retour progressif à une situation économique plus normale. Alors que les hausses des prix de l’énergie et des matières premières ainsi que les tensions sur les chaînes d’approvisionnement se sont assouplies, la production française de machines-outils a progressé de seulement 1,3 %, atteignant 810 millions d’euros.
Ce chiffre, bien que modeste, reflète une tendance similaire à l’échelle mondiale avec une augmentation de la production de 2,3 %. Sur le marché français, la consommation des machines-outils a affiché une croissance de +7 %, atteignant 1,39 milliard d’euros. La production intérieure reste stable, et 72 % des machines produites en France sont destinées à l’exportation, notamment vers l’Allemagne, l’Italie et la Chine, des partenaires commerciaux stratégiques.
Rebond des exportations
L’un des points marquants de l’année 2023 réside dans le rebond des exportations françaises, avec une hausse de 16 %. Cette progression, bien qu’inférieure aux niveaux d’avant la pandémie, démontre la capacité des fabricants français à regagner des parts de marché à l’international. Parmi les principaux partenaires commerciaux, l’Allemagne est non seulement le premier fournisseur de la France en machines-outils (24 % des importations), mais elle est également devenue le premier client, devant l’Italie. En parallèle, les exportations françaises vers des marchés émergents comme la Turquie, le Mexique et la Chine ont par ailleurs fortement augmenté, reflétant la montée en puissance de ces pays dans le commerce mondial de biens industriels.
Une consommation dominée par les machines d’usinage
Sur le marché français, les machines d’usinage continuent de dominer, représentant 81 % de la consommation apparente des machines-outils. Ce segment a d’ailleurs été le seul à afficher une croissance en valeur et en volume en 2023. À l’inverse, les machines de formage et celles utilisant des procédés physico-chimiques ont vu leur demande reculer. Cette tendance pourrait s’expliquer par la forte demande du secteur aéronautique et de la défense, qui nécessitent des machines plus spécifiques et de plus grande taille pour répondre aux besoins de production de ces industries.
En 2023, le marché français, estimée à 1 318 millions d’euros par Evolis, a progressé d’environ 1,9 %. L’année a été marquée par une forte demande en machines-outils dans le secteur aéronautique. La reprise des vols long-courriers et l’augmentation des besoins en aéronautique militaire ont stimulé la consommation de machines-outils, ce qui compense en partie la faiblesse du secteur automobile.
Un avenir incertain mais stabilisé pour 2024
En 2024, les perspectives restent mitigées. Bien que la demande en machines-outils pour le travail des métaux ait légèrement diminué au premier semestre en termes de volume, les industriels anticipent une stabilisation de leur chiffre d’affaires. Cette tendance s’explique par une production de machines de plus grande taille et à plus forte valeur ajoutée, en particulier pour les secteurs porteurs que sont l’aéronautique et la défense.
Sur le plan européen, la reprise reste incertaine. Alors que certains pays comme l’Espagne montrent une vigueur économique (+0,8 % de croissance au deuxième trimestre 2024), d’autres, comme l’Allemagne, restent en stagnation. La conjoncture reste difficile pour l’industrie des biens d’équipement en Europe, avec un climat des affaires morose. Malgré les défis, le marché des machines-outils en France et dans le monde montre des signes de résilience. La stabilité retrouvée en 2023, combinée au rebond des exportations et à l’importance stratégique de secteurs comme l’aéronautique et la défense, permet d’envisager une année 2024 sous le signe de la consolidation. Si les défis liés à la conjoncture internationale demeurent, les industriels du secteur peuvent compter sur une demande toujours forte pour des machines plus spécialisées et à haute valeur ajoutée. Le rôle de la France, en tant que 12ᵉ producteur mondial de machines-outils, reste solide dans cette dynamique internationale.