Lilium Jet, un étonnant taxi volant

Son constructeur, l’entreprise allemande Lilium, a conçu ce véhicule électrique à décollage et atterrissage verticaux de sept places avec des miniréacteurs inclinables et nichés dans ses ailes.

Parmi les nombreux projets d’avions à propulsion électrique, qui soient en capacité de transporter plusieurs passagers, il y en a un qui pourrait représenter le futur de la mobilité aérienne, c’est le Lilium Jet. Conçu par l’entreprise allemande Lilium fondée en 2015, et dont le siège social et les installations de fabrication se trouvent à Munich, avec des équipes basées en Europe et aux États-Unis, cet engin électrique à décollage et atterrissage verticaux peut transporter jusqu’à six passagers (sept personnes avec le pilote). Cet appareil de transport régional devrait accélérer la décarbonisation des voyages aériens. Son lancement commercial est prévu en 2024, exploitant, dans un premier temps, des réseaux en Floride, Allemagne et au Brésil.

Et il sera à découvrir les 11 et 12 mai lors de la 18^e édition d’EVER Monaco à l’Espace Fontvieille. Paul-Franck Bijou, vice-président du développement commercial chez Lilium s’est dit impatient de présenter ce nouveau jet électrique « à des personnes prônant les mêmes idées que nous, et de travailler tous ensemble vers un avenir plus durable en matière de transport ».

Turbosoufflantes inclinables

Ce véhicule électrique à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL) est équipé d’un dispositif de 36 turbosoufflantes inclinables et intégrées dans ses ailes. Son constructeur assure que son système est plus silencieux que les rotors ouverts que l’on peut retrouver sur d’autres prototypes d’eVTOL. Lilium indique une autonomie initiale pour sa machine, en configuration avec six passagers, de 250 kilomètres pour une vitesse moyenne de 280 km/h.

L’entreprise dirigée par Klaus Roewe, un ancien cadre de l’avionneur européen Airbus, emploie déjà plus de 800 personnes dans 56 pays. Ce constructeur de taxis aériens dit travailler en partenariat avec les gouvernements, les autorités de régulation et les fournisseurs spécialisés, « permettant de faire du vol électrique une réalité ». Le 28 mars,
le développeur allemand avait assuré à l’agence de presse Reuters être en discussions « actives et constructives » en vue d’obtenir de nouveaux financements.

« La décarbonisation de l’aviation est inévitable »

En 2019, les émissions mondiales de CO₂ de toutes les activités aériennes commerciales avaient atteint 918 millions de tonnes, en progression de 29 % depuis 2013, selon les données d’International Council on Clean Transportation (Theicct). Et il faut savoir que le transport de passagers est responsable de 780 millions de tonnes, ce qui représente 85 % des émissions totales des activités aériennes. « Nous pensons que la décarbonisation de l’aviation est à la fois urgente et inévitable, affirme Daniel Wiegand, l’un des fondateurs de Lilium. S’assurer que nous disposons de la bonne infrastructure de recharge jouera un rôle crucial dans la mise en place de notre réseau aérien régional à grande vitesse en permettant une recharge rapide et efficace. »

Un dispositif de recharge rapide signé ABB

Depuis fin 2021, Lilium s’est rapproché d’ABB E-Mobility afin de lui développer et fournir une infrastructure de recharge rapide de type MegaWatt, qui nécessitera seulement 30 minutes pour recharger complètement les batteries du jet électrique. Le temps nécessaire pour assurer des rotations rapides requis par l’aviation électrique. Et de préciser que les points de charge d’ABB pourront recharger les batteries jusqu’à 80 % en 15 minutes, ce qui permettra ainsi d’assurer « 20-25 vols par avion et par jour prévus sur le réseau mondial de vertiports de Lilium », avait souligné ce spécialiste suédo-suisse des solutions d’électrification.

« Combiner la mission de Lilium pour faire progresser l’aviation durable avec l’expertise du marché mondial et le leadership d’ABB en matière d’e-mobilité et d’infrastructure de recharge est une victoire pour l’environnement et une victoire pour les passagers », avait déclaré Frank Muehlon, président de la division E-Mobilité d’ABB, à Zurich (Suisse), en novembre 2021.

Un ingénieur français inventeur d’un propulseur hypersustentateur

Déjà en 2017, nous évoquions dans les colonnes de Machines Production, un nouveau développement de motorisation pour les futurs taxis volants. Sous la plume de son concepteur, le français Jean-Michel Schulz, ingénieur, professeur et chercheur en technologies aéronautiques, dévoilait, dans la revue n°1035 du 26 mai 2017, son concept breveté de propulseurs hypersustentateurs (voir schéma) et qui est destiné à propulser son FlightCab. Mi-voiture mi-avion, cette machine volante a été conçue par une équipe franco-suisse de jeunes ingénieurs, que M. Schulz a constituée, avec son fils Romain. Et ce dernier de décrire : « La différentiation du FlightCab et sa principale innovation concernent l’idée d’un carénage de propulseur hypersustentateur, dissymétrique à géométrie variable et orientable, permettant de créer et d’orienter une force de sustentation, dans le but de supprimer tout ou partie des surfaces portantes et/ou de guidages. » Ce diplômé de la prestigieuse école ISAE-Supaéro décrit que l’incidence nulle du propulseur du FlightCab rend possible le vol en croisière, de manière presque identique au mode avion. « Une incidence de l’ordre de 23° permet un décollage purement vertical de type hélicoptère, alors qu’une incidence supérieure permettra en phase d’approche finale, une bonne sustentation, combinée au freinage de l’appareil », décrivait-il dans Machines Production.

Si ses moteurs sont alimentés par une essence aviation (type Avgas 100LL), Jean-Michel Schulz envisageait déjà, en 2017, une motorisation plus sobre et écologique, « sans doute pour parties électriques ou au moins hybrides, peut-être GPL ou même à hydrogène liquide, ainsi que l’augmentation des performances des batteries ou des piles à combustible », prévoyait notre inventeur à la recherche de partenaires techniques et financiers pour aller au bout de son projet.