La réussite de l’intégration verticale de Boutté

La PME familiale de la Somme s’est appuyée sur son savoir-faire de décolleteur pour se diversifier dans des produits finis pour l’arrosage et la plomberie. Et maîtrise la fabrication des packagings comme celles des outils. À la clé, une meilleure réactivité et une grande souplesse pour répondre aux besoins des clients.

Boutté est une PME familiale peu commune. D’abord pour son ancienneté, elle a été créée à Friville-Escarbotin (Somme) en 1867 comme fonderie. Ensuite, par stratégie d’intégration. L’activité de décolletage en sous-traitance avait débuté en 1908 pour usiner les pièces de fonderie. Elle se poursuit encore aujourd’hui, mais elle a été complétée par la fabrication de deux lignes de produits finis, pour l’arrosage et la plomberie, vendues dans les grandes et moyennes surfaces de bricolage, jardineries, quincailleries…

La partie décolletage ne cesse de se moderniser et plusieurs investissements d’importance ont été réalisés en 2023, avec l’acquisition d’un tour multibroche à cames et d’un tour CN à poupée mobile. Le premier est un GM35 Gildemeister adapté aux grandes séries, de 30 000 à 1 000 000 de pièces, pour le décolletage de laiton sans plomb dont la demande est croissante. Le second est un M532 Citizen, pour l’usinage de composants jusqu’à un diamètre de 38 mm, pour le décolletage de pièces longues et de géométries complexes. Son dispositif de fragmentation des copeaux améliore l’état de surface, réduit le temps d’usinage et l’usure des outils. Des outils sont conçus et fabriqués par Boutté et ainsi parfaitement adaptés. Deux nouveaux moyens de contrôle ont également rejoint l’atelier, un projecteur de profil et une caméra d’inspection. « Certains clients exigent un contrôle de 100 % des pièces », précise Fabien Colas, directeur commercial industrie.

Chacun des 120 clients réguliers a un magasinier attitré

Le parc comprend également des machines mécaniques qui restent adaptées pour de nombreux usinages. Grâce à la compétence des opérateurs, les réglages sont réalisés plus rapidement que sur une machine CN. Dans une même approche pragmatique, un robot est utilisé pour alimenter une petite fraiseuse quand une reprise est nécessaire. Une solution plus économique qu’une fabrication avec une machine CN qui accomplirait l’ensemble des tâches.

Gilles Buridard, directeur général de Boutté, est l’arrière-arrière petit-fils de Nicolas Boutté, fondateur de la société. « Nous n’avons pas attendu la formulation du concept de RSE pour mettre en place ses différents éléments. »

La deuxième usine, également à Friville-Escarbotin, est issue du rachat en 2007 puis de l’intégration en 2015 de Gamo. Elle est équipée pour la fabrication à la demande de machines monobroches et d’un atelier pour les opérations de reprise, comme la frappe au nom du client ou pour du sertissage. Pour assurer une vraie qualité de service, chacun des 120 clients réguliers a un magasinier attitré.

Stéphane Buridard, président, dirige conjointement Boutté avec son frère Gilles. « Nous sommes organisés avec deux équipes commerciales, l’une pour la distribution des produits de jardinerie et de plomberies, l’autre pour la sous-traitance industrielle. »

La logistique est également un élément important. « La grande distribution nous demande d’être toujours plus réactifs et de disposer de nos propres stocks, poursuit Fabien Colas. Pour cette raison, nous avons acquis trois tours de stockage dynamique Kardex d’une capacité totale de 3 000 emplacements. » Ces Kardex améliorent les conditions de travail, fiabilisent les entrées-sorties et accélèrent la chaîne logistique. « Nous avons environ 3 000 références prêtes à la vente et 6 000 que nous fabriquons à la demande, explique Stéphane Buridard, président de Boutté. Et une commande passée avant midi peut généralement partir le lendemain après-midi. »

Une démarche RSE initiée avant même la naissance du concept

Toujours dans une logique d’intégration et de réactivité, la production des packagings est réalisée en interne, en fonction des besoins. Le pôle impression est équipé d’une imprimante à plat et d’une table de découpe laser, pour la fabrication de boîtes et de plaques brochables en carton recyclable.  « Nous avons ainsi économisé onze tonnes de PVC, soit une réduction de vingt-neuf tonnes de CO2 », précise Fabien Colas. Boutté a en effet engagé très tôt une réelle démarche RSE, « avant même que le concept ait été formalisé ». Parmi les investissements récents, la construction d’une extension de 120 m², qui fait office de sas d’entrée. Le bénéfice est triple : économies d’énergie et meilleur confort thermique pour les opérateurs ; l’atelier reste à température constante, un facteur important pour la précision des machines ; le stockage des produits chimiques est sécurisé.

D’autres actions ont été menées, avec la mise en place d’éclairage LED, l’installation de portes sectionnelles automatiques, la mise en place de nouveaux compacteurs de copeaux et de machines de dégraissage et de tribofinition à zéro rejet. Parmi les projets, la mise en place d’un système de récupération des eaux de pluie est à l’étude. En revanche, il n’est pas possible d’installer des panneaux solaires sur la toiture, trop ancienne. Mais qui sait ce que réserve l’avenir. Les dirigeants de Boutté ont déjà prouvé leur dynamisme et leur capacité d’adaptation.

Les chiffres clés

• 1867. Année de création de l’entreprise
• 140. Nombre actuel de salariés
• 10 000. Surface, en mètres carrés, des ateliers, bureaux, stockage
• 2. Nombre de sites, dans la même commune de Friville-Escarbotin (Somme)
• 31. Chiffre d’affaires, en millions d’euros, en 2022, dont 10 millions pour l’activité de sous-traitance industrielle
• 6. Part, en pourcentage, du chiffre d’affaires à l’exportation directe