Comment nos grands industriels perçoivent-ils l’IA ?

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Industries Par Jérôme MEYRAND Publié le  08/07/2024
Comment nos grands industriels perçoivent-ils l’IA ?
Une grande majorité d’entreprises anticipent des bénéfices organisationnels massifs de l’IA, selon les résultats d’une étude d’IFS. (photo shutterstock)

Dans un récent sondage, si les grands groupes industriels français restent optimistes sur les promesses offertes par l’intelligence artificielle, plusieurs freins sont constatés dans son déploiement.

Quelles sont les promesses de l’intelligence artificielle (IA) ? Quels sont les freins technologiques ? Quels processus faut-il mettre en place et quelles compétences faut-il recruter ? Autant de questions que peuvent se poser les entreprises sur cette technologie qui reste encore obscure.

Dans une étude menée par IFS auprès de 1 709 décideurs d’ETI et grandes entreprises industrielles du monde entier (plus de 46 millions d’euros de chiffre d’affaires), et intitulée « Industrial AI : the new frontier for productivity, innovation and competition » que l’on pourrait traduire par « IA industrielle : la nouvelle frontière pour la productivité, l’innovation et la concurrence », 84 % des dirigeants disent anticiper des bénéfices organisationnels massifs de l’IA. Pour ces derniers, les trois principaux domaines à fort impact dans lesquels l’IA devrait apporter de la valeur sont l’innovation en matière de produits et de services, l’amélioration de la disponibilité des données internes et externes, ainsi que la réduction des coûts et l’augmentation des marges.

Une très grande majorité de dirigeants français (90 %) reconnaissent qu’il existe une « forte pression » pour adopter rapidement l’IA, tout en restant préoccupés que les projets d’IA ne restent dans les cartons, soit par manque de planification, de mise en œuvre ou de communication.

Un manque de compétences en interne

L’étude réalisée par le spécialiste mondial des solutions cloud montre aussi que 36 % des entreprises françaises interrogées n’étaient pas passées au cloud. « Bien que cela ne soit pas essentiel à l’adoption de l’IA, cela indique que l’entreprise n’est pas préparée et qu’il est peu probable qu’elle soit en mesure d’étendre l’IA à l’ensemble de ses activités », analyse IFS, pour qui, « une stratégie industrielle robuste en matière d’IA nécessite une combinaison puissante de cloud, de données, de processus et de compétences ».

Autre enseignement du sondage : 90 % des personnes interrogées en France reconnaissent que l’absence d’approche stratégique signifie qu’elles n’ont pas suffisamment de compétences en interne pour adopter l’IA avec succès. Ce même sentiment se retrouve ailleurs dans l’étude, où 43 % des répondants français estiment que la qualité des ressources d’IA dans leur entreprise, en termes de compétences humaines, n’est pas au niveau de ce qu’elles devraient être.

L’IA pour réduire les coûts

« L’IA est sur le point de devenir l’outil d’entreprise le plus novateur qui soit, mais notre étude révèle qu’il existe encore des incompréhensions profondes quant à la manière d’exploiter sa puissance dans un cadre industriel, commente Christian Pedersen, chef produit d’IFS. Il est révélateur que l’on s’attende à ce que l’IA réduise considérablement les coûts et augmente les marges, mais l’absence de stratégie solide signifie que la plupart des entreprises ne sont pas suffisamment qualifiées et préparées pour réaliser ces ambitions. »

Cela dit, une courte majorité de sondés français (55 %) soutiennent que l’IA pourrait faire une différence significative pour leur entreprise d’ici un à deux ans, et un quart d’entre eux (30 %) estiment que ce pourrait être le cas d’ici un an. Et ce sont les décideurs français qui se révèlent les plus optimistes quant à l’impact de l’IA dans la production intelligente et/ou la prestation de services sur l’efficacité et la gestion commerciale et opérationnelle à l’avenir. Pour eux, l’impact le plus important concernera la croissance et la prise de décision en matière de modèle d’entreprise (24 %), l’autonomisation des personnes et la fidélisation des talents (22 %), l’expérience et le service à la clientèle (20 %), et l’innovation avec de nouveaux produits et services (16 %).

Collecter les données en temps réel

Être en mesure de collecter des données en temps réel, un levier indispensable pour qui voudrait tirer le meilleur bénéfice de l’IA dans son entreprise. Si 95 % des répondants français sont d’accord avec cela, seuls 26 % disent avoir achevé la mise en place de leur infrastructure de données, qui permettrait à la fois de prendre des décisions commerciales fondées sur des données et de réagir en temps réel aux changements. En outre, moins de la moitié en France (41 %) disposent majoritairement de données structurées, et d’une partie de données non structurées.

« Le manque de maturité au niveau de la couche de l’infrastructure des données doit être abordé dans le cadre d’une stratégie globale d’IA, sans quoi l’IA ne sera jamais la solution miracle qui permettra de dynamiser l’entreprise », pointe M. Pedersen. Pour le chef de produit d’IFS, il est clair que les entreprises ont besoin d’aide pour la gestion et la migration des données. « Bien que l’IA soit considérée comme un nouvel outil brillant qui va révolutionner l’entreprise, comme toute technologie, ce n’est jamais aussi simple, admet-il. La puissance de l’IA industrielle réside dans le fait qu’elle peut toucher toutes les facettes d’une entreprise, de l’innovation produit à l’expérience client, en passant par la productivité et l’ESG. » Et d’ajouter : « Son potentiel est énorme si les dirigeants et les entreprises peuvent combiner vision, stratégie, technologie et compétences. » Pour cet expert « le moment est venu de prendre du recul, de faire le point et d’élaborer un véritable plan d’IA industrielle pour transformer l’engouement médiatique en réalité ».

Méthodologie

Le cabinet Censuswide a interrogé, entre le 6 et 27 mars dernier, 1 709 décideurs (présidents, vice-présidents et directeurs) exerçant dans les secteurs de l’industrie, des télécommunications, de l’aérospatiale et la défense, des services, de la construction et de l’ingénierie ou de l’énergie. Il s’agit d’entreprises dont le revenu annuel est d’au moins 50 millions de dollars (plus de 46 millions d’euros) situées au Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Allemagne, France, Émirats arabes unis, Norvège, Japon, Australie, Suède, Danemark et Finlande.

Comment nos grands industriels perçoivent-ils l’IA ?
Jérôme MEYRAND - Rédacteur en chefFormé aux microtechniques, devenu journaliste en blouse bleue, passé par l’ESJ Lille.

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