Les règles d’or pour réussir l’installation d’une GMAO
Ingénieur diplômé de l’IMT Nord Europe, Pierre Brunet, codirecteur des services au sein de Siveco Group, met en avant plusieurs bonnes pratiques essentielles afin de réussir le déploiement d’un système de gestion de la maintenance assistée par ordinateur, et les pièges à éviter en la matière.
Selon notre expert, Pierre Brunet, ayant plus de 20 ans d’expérience dans l’implémentation de GMAO, des logiciels de gestion dédiés à la maintenance, réussir un projet de GMAO au sein de son entreprise dépendra à la fois de la méthodologie appliquée, des objectifs définis et des enquêtes menées sur le terrain. En outre, prévient-il, les pièges à éviter doivent être clairement identifiés. Et d’en citer quelques-uns : négliger la communication interne, aborder le projet sur un plan purement informatique, ne pas impliquer les utilisateurs finaux dans le processus.
Quelles sont les bonnes pratiques à respecter ?
Un projet GMAO inclut des phases de définition, de paramétrage et de développement pour adapter la solution au contexte précis de l’entreprise. Il peut être mené selon des méthodologies conventionnelles (cycle en V) ou agiles. Le choix se fait selon la culture de l’entreprise et sa capacité à mobiliser une équipe projet. En amont du projet, il est primordial de redéfinir les objectifs pour s’assurer que le besoin de l’entreprise a été compris. Pour ce faire, les consultants utilisent la méthode SMART : la définition d’objectifs et d’indicateurs spécifiques (S), mesurables (M), acceptables (A), réalistes(R), et temporellement (T) définis.
Faut-il passer par la désignation d’un chef de projet ?
La désignation d’un chef de projet interne est essentielle. Doté d’un pouvoir décisionnel, celui-ci joue un rôle de relais entre les équipes et l’éditeur. Il garantit l’implication de son entreprise. Il est également coresponsable du planning de déploiement et de son pilotage. Il veille à la réalisation de trois activités incontournables pour la réussite du projet.
Premièrement, la réalisation d’enquêtes de terrain vise à dresser un état des lieux sur la stratégie de maintenance, l’environnement de travail, les personnes impliquées, grâce à la réalisation d’interviews. Deuxièmement, la réalisation d’un atelier où consultants et utilisateurs seront sollicités afin de définir les attentes des équipes. Et troisièmement, le test de l’outil de GMAO par les équipes métiers, vise à jauger les possibilités de l’outil.
Toutefois, y-a-t-il des pièges à éviter ?
Il est important de noter que, comme dans tout projet, la communication est clé. Le dialogue et la transparence sont essentiels pour impliquer les collaborateurs. Il est nécessaire d’expliquer les différentes étapes d’intervention, d’accompagner l’entreprise sur des points à optimiser, d’adapter l’outil. Il sera ainsi bien plus facile d’appréhender en amont d’éventuelles résistances. C’est sur ces points que les entreprises attendent de la valeur ajoutée de la part de l’intégrateur, au-delà des classiques maîtrises du budget et du planning. Leur demande s’oriente de plus en plus vers le conseil et l’anticipation.
S’il y avait un seul conseil qu’il faudrait retenir, ce serait lequel ?
Ne pas aborder le projet que sur un plan purement informatique.
Expliquez-nous pourquoi ?
Un projet GMAO vise avant tout à délivrer un outil. Il faut donc porter une attention particulière aux futurs utilisateurs, pour arriver à comprendre et à expliquer les attentes de chacun. Le projet doit être porté dans l’entreprise en collaboration avec l’éditeur. Pour cela, deux bonnes pratiques sont à retenir. Négliger la formation : il faut favoriser le transfert des compétences vers l’entreprise, à hauteur de sa capacité à s’investir. Ce transfert peut s’effectuer lors des différentes phases du projet, et tout au long de la vie de l’outil. Et penser court-terme : parler de GMAO, c’est aussi désormais parler de reengineering. L’outil n’est pas une fin en soi, mais une solution qui doit servir la stratégie de maintenance dans la durée. Un pilotage doit être prévu afin de faire évoluer l’outil et la stratégie en place régulièrement, afin que l’entreprise puisse rester en phase avec son marché.
Quand on consulte un éditeur de logiciels de GMAO, quelles sont les règles à respecter ?
Il faut s’assurer que les consultants comprennent les problématiques et le jargon des équipes métiers. Faute de quoi, le projet peut vaciller. En plus de leur faculté d’écoute et d’analyse, les consultants doivent idéalement être issus des métiers concernés : activités de la maintenance, de la métrologie, et des processus satellitaires. Cela permet un meilleur dialogue sur le terrain. Un projet GMAO est en effet considéré comme réussi lorsque les métiers s’approprient l’outil, l’utilisent et l’adaptent sans cesse à leurs nouveaux besoins.